Brocéliande, la capitale des sorciers de France. Un lieu où Goulven se rendait quasiment quotidiennement ces derniers temps. L'avocat cumulait tellement d'affaires qu'il trouvait à peine le temps de dormir. Heureusement, son travail portait ses fruits. Alix Vannier allait bientôt réintégrer l'académie, ce qui lui enlevait une sacrée épine du pied et allait lui libérer pas mal de temps.
Sortant du Grand Conseil pour une énième affaire, le sorcier marchait d'un pas rapide, bien décidé à mettre le plus de distance possible entre lui et l'imposant bâtiment qui symbolisait le pouvoir.

Il n'avait plus de temps pour lui, Irmine lui manquait cruellement, et ... il avait rendez-vous avec un client d'ici cinq minutes près d'une librairie.

- Bon sang, je vais être en retard ! S'écria t-il après avoir vérifié l'heure sur sa montre à gousset.

Il décida de transplaner et arriva non loin du lieu convenu par hibou avec l'hybride gobelin qu'il devait rencontrer, tout juste à l'heure. Malheureusement, celui-ci n'arriva jamais et notre avocat resta planté devant le magasin pendant une bonne demi-heure.

Il soupira, agacé et s'adossa paresseusement contre la vitrine, maudissant l'irrespect des gens, mais espérant aussi que rien de grave n'était arrivé à la personne qu'il devait voir. Il avait donc une heure devant lui. Cela faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas eu du temps libre qu'il se surprit à se demander ce qu'il allait faire ... Il pouvait rentrer travailler. Rendre une visite à l'improviste à la bibliothécaire de l'académie était tentant mais difficilement possible s'il ne voulait pas lui créer de problèmes.
Il se redressa puis marcha quelques pas tout en regardant la vitrine contre laquelle il s'était appuyé. Un livre attira son regard ... Un livre écrit par son grand-père, le célèbre historien Gwendal Le Guerrec.
Il y a quelques mois, voir l'un des livres de son aieul dans la vitrine d'une librairie ne l'aurait pas surpris. Mais ceux-ci avaient tous été censurés, à sa connaissance. Goulven le regarda de plus près et constata qu'il s'agissait d'une nouvelle édition.

Il entra alors dans la boutique et alla prendre le livre dans les rayonnages, l'ouvrit et constata que son contenu avait été amputé de sa partie la plus importante. Scandalisé, il le reposa rageusement, tandis qu'un sorcier en ouvrait un autre exemplaire. Ce n'était pas du genre de l'avocat, mais il donna une tape sur l'épaule de l'homme en passant à côté de lui.

- Ne lisez pas ça. Il n'y a rien dedans. Du moins, rien à retenir.

L'avocat n'avait pas pu reconnaître le professeur d'histoire de la magie de l'académie qu'il n'avait jamais vu en connaissance de cause.

Pour Niels, c'était la première fois qu'ik se rendait dans une librairie aussi grande. De longues étagères jonchés de grimoire s'étalait sous son regard. Il avait décidé de rajouter de nouveau livre à la collection que lui avait laissé son predecesseur au poste de professeur d'histoire de la magie. Il s'aventura donc dans les rayons en déambulant et prenant des livres interrssant par-ci par-la. Il n'avait pas forcement beaucoup d'argent, mais comme c'était des livres à usages pédagogiques, il beneficiait surement de l'aide de l'école. Il arriva enfin dans le rayon histoire de la magie. Il appercu un livre de Gwendal Le Guerrec, une rareté, car la plupart des livres de cet historien avait été censuré. Il s'approcha et le pris, quand un homme, grand et brun, l'apostropha en lui disant qu'il n'y avait rien à l'intérieur.

-Comment ça il n'y a rien à l'intérieur, dit Niels, une pointe de deception dans sa voix. Vous voulez dire qu'il est vide au sens figuré, c'est à dire vide d'histoire, ou alors vide au sens propre, donc sans pages ?

Goulven ne s'était pas imaginé une seule seconde que ce parfait inconnu engagerait la conversation avec lui alors qu'il voulait quitter cet endroit corrompu par le Grand Conseil. N'y avait-il plus un seul endroit en France où on ne vous disait pas quoi penser ? Ecoeuré, l'avocat se dirigeait vers la sortie lorsque l'homme lui posa une question pour le moins déroutante.

Le livre n'était pas vide de sens, et bien constitué de pages et d'encre. Cette remarque le laissa sans voix quelques secondes, mais il se reprit rapidement.

- Le texte a été amputé de plus de la moitié, le travail de l'historien sapé ... il n'a plus grand intérêt.


Il s'approcha de lui et lui prit délicatement le livre des mains, se disant qu'il avait encore de la chance de posséder lui-même le texte intégral mais qu'il ne faudrait pas tarder à le mettre en sécurité. Il sentait la menace d'une perquisition imminente dans son appartement.

Il le ferma et lui indiqua le titre qui s'étalait sur la couverture.

- "Histoire des civilisations celtes." Et c'est traité sans faire allusion, une seule seconde, à l'alliance passée entre les bretons d'Armorique et les peuples hybrides qui vivaient dans ces terres alors qu'on ne peut pas traiter de l'histoire des uns sans parler des autres ... Mais cela véhicule sûrement des idées de tolérance un peu trop franches ... Bref.


Il le rendit à l'homme avant d'ajouter.

- Je crains, Monsieur, que vous n'appreniez pas grand-chose. Pourtant je vous assure que celui qui a écrit ce livre avait présenté un travail complet et objectif. Je suis bien placé pour le savoir, c'est mon grand-père.

Il fît un sourire discret et recula de quelques pas. Il ignorait ce qu'il allait faire de ces informations mais il n'y pouvait pas grand chose ...

Niels se tenait donc devant le petit-fils du célèbre historien du la magie. Ce livre sur les civilisations celtes était un livre que Niels voulait lire depuis longtemps, et là on lui annoncait que quelqu'un avait arracher les pages, non, ça ne devait être qu'un mauvais rêve, et qu'il se reveillerait dans son lit ou a côté dans quelques instants. Il se pinca pour se reveiller, mais rien ne se passa. L'inconnu lui rendit le livre.

-Oh excusez-moi merci.

Il reprit le livre.

-Et vous disiez que Mr Le Guerrec etait votre grand-père, peut-être donc possedez-vous le manuscrit original, donc je me demandais si vous pourriez me le pretez.

-Oh ! Mais c'est vrai qu'on ne me suis même pas présenté. Je m'appelle Niels Maddox, je suis le nouveau professeur d'histoire de la magie de Beauxbatons. Et vous ?

Avoir une telle conversation dans un lieu public était risqué et Goulven ne voulait pas d'ennuis. C'était d'ailleurs bien pour cela qu'il n'était inscrit dans aucun mouvement rebelle quel qu'il soit en dépit du statut de feu son meilleur ami, Jared, qui en avait été le leader pendant des mois.
C'est en ce sens que l'avocat s'éloignait, loin de lui la volonté de vouloir paraître impoli mais là, sa tranquillité primait sur l'étiquette.

Mais l'inconnu le retint en lui faisant une demande complètement insensée, qui surprit tellement Goulven qu'il ne su pas quoi y répondre. Confier les manuscrits de son aïeul à quelqu'un qu'il ne connaissait pas, et dont il n'était sûr de rien ? Il en était tout simplement hors de question. Mais lorsqu'il se présenta il eut au moins le mérite de capter son attention.

- Professeur d'Histoire ? Et c'est avec ce genre de torchon que vous voulez enseigner ?

Il en avait oublié la politesse. Il se rapprocha de lui et se présenta à son tour.

- Goulven Le Guerrec. Avocat.

Il détestait se faire appeler "Maître" et ne portait plus la tenue depuis qu'il avait quitté le Grand Conseil. Goulven commençait à avoir les formes en horreur, surtout quand on voyait ce que ça cachait derrière.

- L'original n'est pas chez moi. Il est en sécurité.

Ce n'était pas le cas, mais il venait de décider que son appartement Nantais n'était plus un lieu sûr pour des ouvrages d'une aussi grande valeur. Cependant, l'idée qu'un Professeur puisse enseigner avec un fond documentaire aussi pauvre lui faisait se dresser les cheveux sur la tête ...

- Je peux vous en faire parvenir une copie, rien de plus. Pour vos cours. Mais si on vous demande de qui vous la tenez ... Je ne suis pas votre homme.

Goulven voulait bien contribuer, mais hors de question de se mouiller.

Le Guerrec avait qoudain changé de ton, comme si Niels l'avait insulter. Il ne pensait pas que de demander un ouvrage littéraire allait provoquer une tel réaction chez son interlocuteur. Niels avait eu un professeur comme ça à Poudlard il y a quelque années de cela. Dès qu'on lui delandait un ouvrage écrit lui appretenant, que ce soit un magasine, un cahier ou un grimoire, il s'énervait tout de suite, et certaine fois punissait l'élève lui demandant le livre. Mais je m'égare.

-Pas besoin de vous enervez !!!

Fit Niels en montant les bras en l'air, comme pour se protéger d'une attaque vocal.

-Et vous savez, c'est pour mon usage personnel que je veut lire ce manuscrit. Les faits qu'il relate son completement en dehors du programme.

Il se mit à marcher un peu plus loin dans l'allé, en cherchant un livre sur les étagères, le doigt sur les reliures, comme si il cherchait un ouvrage précis.

-Ga...Gai... A voila ! "Traité littéraire", de Jean-Baptiste Geanson, dit il en prenant un des livres. Vous devriez lire ce livres la. Il est très intéressant, et évoque nottament le fait de la censure par l'état.

Goulven ne se formalisa pas de la réaction de son interlocuteur. Il était hors de question de confier le manuscrit original de son aïeul et il n'avait pas l'intention de faire une concession là-dessus.

- Soit, j'accepte de vous transmettre une copie, rien de plus.

Apprendre que les faits relatés par le livre était complètement hors programme ne l'étonna guère. Il leva les yeux au ciel et se retint de soupirer. Pourquoi enseigner l'époque où les sorciers et les hybrides vivaient en parfaite harmonie ? Heureusement, on ne pouvait pas changer le passé, seulement le voiler un peu.

Tandis que l'homme se déplaçait dans le rayon, il le regarda de haut en bas et ne put s'empêcher de se dire que s'il était à sa place, en tant que Professeur, il se ferait un devoir de transmettre à ses élèves l'histoire telle qu'elle était. De leur apprendre à penser par eux-même, et non se cantonner à ce que le gouvernement leur disait de faire. Quel incroyable gâchis. Il secoua la tête lorsqu'il s'adressa à lui et lui tendit un livre.

- Vraiment ? Il a dû être oublié, celui-ci.

Il l'ouvrit et le feuilleta.

- Propagande, censure, autodafés. Des méthodes jugées archaïques. Il n'y a aucun doute, en s'attaquant aux livres, le Grand Conseil s'est attaqué à un symbole autant qu'à des pensées.

Il remit l'ouvrage dans les mains du Professeur.

- Vous savez, vous êtes à l'une des rares places où on vous écoute encore. Des jeunes élèves, hors de leur milieux familial, des cerveaux neufs qui ont simplement besoin d'avoir les bons outils pour réfléchir correctement. J'ignore ce que vous en faîtes, mais il ne faut pas gâcher cela. J'accepte de vous transmettre l'ouvrage de mon grand-père, ainsi qu'un corpus de textes qui n'a jamais été publié, à une seule condition ...

Il fixa l'homme dans les yeux :

- Ne l'utilisez pas pour votre usage personnel. Enseignez-le.

Niels ne savait plus trop quoi penser. D'abord on lui disait que ce manuscrit était un torchon tout juste bon à recevoir les epluchure de légumes, donc qu'on ne pouvait rien enseigner avec, puis qu'il devait justement l'enseigner, et pas le garder pour soit. Autant vous dire qu'il était un peu décontenancé, même si il se doutait bien de ce qu'avait voulu lui dire Goulven.

Le professeur repensa aux cours, et plus particulièrement à la nouvelle réforme scolaire. Le fait que beaucoup de partie des plus importantes de notre histoire supprimé était scandaleux. Tout autant que le fait de ne pas pouvoir enseigner de l'histoire moldu, qui a, elle aussi, aidé à la formation du monde actuel.

Il regarda sa montre. 16h29. Il ne devait pas trop traîner, car il avait un rendez-vous important à l'école cette après-midi, et, cette fois çi, avec la véritble directrice.

-Merci bien Monsieur Le Guerrec. le remercia Niels. Je suis honoré de votre prêt, je vous le rendrais après l'avoir étudié, sans aucune égratinure.

Niels était vraiment enchanté de pouvoir lire ce livre.

-Mais je vais devoir vous laisser, car j'ai un rendez-vous important avec la directrice, et non la biblitohécaire, si vous voyez ce que je veux dire. J'ai été enchanté de faire votre connaissance.

HJ : Gouven parle de la version censurée par le GC, pas du manuscrit

Le nouveau professeur d'histoire voulu prendre rapidement congé et accepta son prêt, lui promettant qu'il lui rendrait l'ouvrage. Goulven, évidemment, n'allait pas lui donner un original, il allait lui fournir une copie. Le manuscrit de son grand-père serait bientôt mis en sécurité dans un endroit sûr ...

- Je vous en prie. Gardez-le aussi longtemps que vous en auriez besoin. Et même après. Parlez-en, prêtez-le, diffusez-le ... ne laissez pas l'histoire se perdre, telle qu'elle est. Les sorciers ont besoin de savoir et de connaître, le bon comme le mauvais.

Il eut un sourire triste.

- Je vous salue donc !

Et regarda l'homme partir, sans s'empêcher de se sentir jaloux de sa place à l'Académie. Là-bas, ils pouvaient encore influencer le cours des choses ... Mais avec une dirigeante comme Beauregard, il fallait jouer serré.