Les préparatifs avancent… C’est de plus en plus proche. On n’arrête pas d’y penser. Le lieu a déjà été choisi. Puis maintenant vient la question de la date. Quand fera-t-on ce mariage, bon sang ? Il faut que ça convienne à tous les invités, que ça convienne aux deux époux, que ça convienne pour le temps, la prise du lieu. Tant de facteurs entrent en jeux. C’est insupportable. Comment faire pour que cela convienne à tout le monde, sans aucun problème ? C’est comme avoir un vote contre les hybrides adopté à l’unanimité au Grand Conseil, c’est tout à fait impossible.


Tiens, en parlant d’hybrides, je suis devant le bureau du Consul. Je regarde l’objet que je tiens dans les mains. Un gros dossier, plusieurs dizaines de sous-dossiers, comportant eux-mêmes une dizaine de pages chacun. Tout est droit, tout est en ordre. J’ai un petit peu le trac. Je sens que cette entrevue va changer beaucoup de choses, et heureusement. Je suis si… excitée à l’idée de présenter cela au Consul, je n’en peux plus d’attendre. Mais il le faut. Je caresse la première page, où se trouve écrit en gros « MESURES A PRENDRE CONCERNANT LES HYBRIDES ». Cela me fait sourire. Non. Cela me faire rire, nerveusement. Puis alors je me reprends, rapidement. Je me frotte le front. Il faut que je garde mon calme. Il faut que je garde mon calme. Puis alors mon regard glisse sur ma montre. Il est 10h59. Il devrait arriver sous peu. Je regarde la porte de son bureau, vide, puis souffle. Alors j’entends une voix, et des bruits de pas.

Il est  là. Il approche de plus en plus vite. Je me remets les idées en tête. Avant de parler de mes idées, je dois lui faire un compte rendu des derniers heurts de la ville. Ça d’abord. Une fois qu’il sera très consterné par les événements, je pourrai lui soumettre mes projets. C’est le bon chemin à prendre, j’en suis sûre. Il est 11h00. C’est certain, c’est lui, je me lève déjà, avant qu’il ne franchisse l’angle du couloir. Je passe un plus petit dossier sur mon gros tas, afin d’en cacher le titre. J’efface subtilement les petits plis de ma longue robe verte, engendrés par ma position assise. Et je me tiens prête, dossiers collés contre ma poitrine, la tête haute, aucun sourire, l’air très sérieuse et… il passe. Il me voit, me fait un signe de tête.

- M. Courtois, bonjour. Nous avions rendez-vous, à propos des récents heurts causés sur Brocéliande.

Si je venais pour ne rien dire, très cher consul, je peux te promettre que je ne serais pas là. J'ai moi aussi mieux à faire... Bon, peu importe. Au contraire c'est même mieux, s'il est agacé. Il est moins prit par sa raison, on peut lui mettre de bien pires idées en tête. C'est... presque parfait. J'aime cette situation.

- Très bien Monsieur.

Et tu poses le lourd dossier sur un coin libre du bureau. Voilà. Et j'attrape le premier dossier, sans pour autant dévoiler le gros titre en dessous. Je fais mine de le feuilleter rapidement, pour trouver une page, et je me stop.

- Comme vous le savez, Consul, une rébellion est en court de propagation. De plus en plus d'hybrides... (petite grimace de dégoût, sincère.) sont entrain de se rassembler. Autant ça peut prendre la forme d'une gentille révolte, avec des affiches du genre de "Sois hybride et tais-toi." Autant nous allons peu à peu nous retrouver dans une réelle guerre civile, Monsieur. Plusieurs légers attentats, des vitres détruites à coup de marteau, à coup de pierre, de nombreux blessés, des deux côtés, autant des sorciers très respectables que certains de ces rebelles. (Plissement d'yeux, tu te dois d'être affectée et en colère.) Et Monsieur. Ce n'est que le commencement. Nous devons arrêter cela. Nous devons mettre fin à ces problèmes, avant que cela n'empire. Je ne doute pas que vous fassiez déjà beaucoup pour cette cause mais... en tant que Conseillère du Département de la Défense et Surveillance Magique, je viens aujourd'hui pour vous proposer de plus importantes dispositions à prendre, pour ralentir cette menace.

Puis tu poses la main sur ton dossier, volumineux. Tu fixe le Consul, l'air sûre de toi.
Et tu garde le regard droit et fier, bien sûr. Tu es Conseillère, tu maintiens l'ordre. Tu fais ton Devoir. Tu ne dois pas te montrer faible.

Comment oses-tu me parler, Augustus ? Tu me prends sérieusement pour tous ces lèches pompes qui te suivent nuit et jour simplement pour avoir une augmentation ? Fais attention à tes paroles. Je ne suis pas comme eux. Je suis bien plus dangereuse. Avises-toi encore une fois de faire cela, et je te promets que cela va très très très mal se passer.
Un petit silence suivit. Aucun ne parlait. Margot fixa un moment le Consul, en face d’elle, avant de reprendre la parole.

- Ce n’était pas dans mes intentions que de faire le travail, si bien travaillé, des lèches pompes qui vous suivent toute la journée. Mon seul désir est de supprimer ces ordures de rebelles qui font du mal à notre ville.

Du calme, tu parles au Consul, là… Mais garde quand même ton regard excédé. Cela fait toujours un petit peu d’effet.

- Bon. Ce que je propose, M. Courtois. Premièrement de répertorier plus spécialement tous les hybrides présents au gouvernement, d’établir un bilan psychologique sur eux. S’ils sont suspectés de quoi que ce soit, alors de les retirer du gouvernement et leur retrouver un travail en société. Notre objectif n’est pas d’expulser les hybrides, mais de se protéger d’éventuels traitres à la Nation.
Après cela, une surveillance plus importante doit être menée sur certains hybrides auxquels nous avons pu faire du tord. Par cela, je pense surtout à une certaine Elyon Sombrelune, hybride au 8ème degré, mais pas que, bien évidement.

Ceci n’est que le début, si vous l’acceptez, je continuerai plus en détail.

Soupir. Au fûr et à mesure, la jeune femme avait posé un à côté de l’autre les différents dossiers, dans lesquels étaient répertoriés les noms d’hybrides, leur position, et caetera.

"Consul Courtois" ? Quelqu'un d'aussi imbu de sa personne c'est tout à faire... ce que je préfère. Ça me va plutôt bien. Ce n'est pas moi qui irait m'en plaindre, en tout cas. Bon. Il avait été un petit peu..  trop sec, mais je lui pardonnais facilement ce petit excès.

- Je tâcherai de m'arranger pour les financements, cela ne devrait pas dépasser le salaire de notre secteur, je vais voir ce que je peux faire, mais cela devrait aller.


Elyon Sombrelune. Ce nom fit afficher sur mes lèvres un petit sourire en coin, que je ne réussis point à arrêter. Encore un souvenir qui restera longtemps dans ma mémoire.

- Cette femme. Elle n'est pas grand chose, une écrivaine ratée et hybride, qui possède en elle une grande colère envers le Gouvernement. Je l'ai rencontrée il y a peu de temps. C'est juste au cas où, je ne m'attarderai pas sur elle plus que sur les autres, si c'est cela que vous demandiez.

Bon, j'ai quand même des limites, Augustus. Fais attention à ta langue de vipère, ou elle pourrait se retourner contre toi. Ma patience va bientôt arriver à bout. Fais attention, vraiment... Tu ne sais pas d'où je reviens.

- Ravie que vous preniez ma proposition de cette façon. Je me suis déjà adressée à mon supérieur mais ces lois... sont le début de bien d'autres, et qui sont trop importantes pour n'être acceptées que par mon... département. Du moins, c'est ce qui m'a été rapporté. Il ne s'agit pour l'instant que de mesures de sécurité, mais elles pourraient être interprétés comme bien plus, et bien pire. C'est ce pourquoi je me suis permise de m'adresser directement à vous, Consul Courtois.

Et la jeune femme se mis alors à ré-entasser ses dossiers, les sourcils froncés, plutôt outrée par l'attitude déplacée du Consul.

De plus en plus nerveux, ce consul. C'en deviendrait presque exacerbant. Mais je le comprends, après tout. C'est tout à faire normal, d'un côté. Est-ce que j'ai quelque chose à ajouter ? Oui. Sûrement que je veux leur extermination la plus totale et absolue, que je veux qu'ils souffrent et regrettent de s'être mis en travers de leur Gouvernement, qui leur était pourtant si bon. Mais cela ne servirait à rien. Surtout que le Consul doit probablement être d'accord avec moi....

- Rien, Consul Courtois, j'ai finis. Notre plan exact vous sera envoyé dans les plus brefs délais, merci pour votre compréhension.

Sur ce, la jeune femme se leva, prête à partir, et ajouta :

- Et merci de m'avoir offert un tant soi peu de votre précieux temps.