Elyon se serait bien passé d’une rencontre avec Nymphadora, aujourd’hui plus qu’un autre jour. Elle avait tenu bon et n’avait pas craqué devant la Vélane mais se permit cette faiblesse sitôt celle-ci disparue de son champs de vision. Les sanglots restèrent coincés dans sa gorge, mais quelques larmes perlèrent au coin de ses yeux.

*Allez, ne te laisse pas démonter par cette sale garce !*

Rageuse, elle essuya les larmes au coin de ses yeux et continua son chemin en serrant son sac contre elle. C’est après quelques pas qu’elle croisa Aaron, qu’elle salua d’un signe de tête sans même se rendre compte de sa présence. Elle n’avait plus tout à fait les idées claires après cette rencontre et ne réalisait pas vraiment qui elle venait de voir. Ce n’est que lorsque le jeune homme l’apostropha qu’elle se retourna et le regarda complètement abasourdie.

« Aaron ? »

Il n’était pas du tout comme Nymphadora, c’était même à se demander comment ils avaient pu partager le même utérus un jour d’ailleurs. Ils avaient été bons amis et s’étaient perdu de vue comme beaucoup d’anciens camarades d’école.

Elle fît quelques pas vers lui.

« C’est pas possible ça, je viens de croiser ta sœur. » dit-elle plus pour elle-même que pour lui.

« Je suis désolée, oui … Ca fait 16 ans en fait … Je … ça va ? »

C’était un peu délicat, elle ne voyait pas trop quoi lui dire …

Cela ne déplaisait pas à Elyon de revoir Aaron, bien au contraire ! Ils avaient été relativement proches par le passé jusqu'à ce que tout se complique avec le décès d'Anthony, puis l'aventure, ou plutôt la blague de 10 ans entre son père et Nymphadora. La première fois qu'elle avait perdu contact avec Aaron c'était parce qu'elle avait fuit les problèmes en partant pour un long voyage. La seconde, c'était ... parce qu'elle avait fuit d'autres problèmes en partant pour un autre grand voyage mais au fond elle n'avait jamais eu de mauvaises pensées pour lui. Leur éloignement était surtout le fruit de circonstances malheureuses.
Elle n'avait pas le temps d'en placer une, comme d'habitude lorsqu'Aaron parlait. Alors il ne jouait plus au Quidditch et enseignait lui aussi à l'Académie ?

"Décidément ..."

Cotoyer tous les jours Nymphadora, quelle chance. C'était justement ce qu'elle avait voulu éviter en venant en France pour finalement se retrouver à quelques centaines de mètre d'elle sans le savoir. Par contre, elle était contente de savoir qu'Aaron n'était pas très loin.

"Moi j'habite à Bois-Doré ..." réussi t-elle à placer avant qu'Aaron ne lui demande comment elle allait.

"Non ça va, ne t'inquiète pas. C'était ... un moment passé en compagnie de Nymphadora, c'est tout ! Comme avant quoi. Bref, c'est pas le jour. J'ai pas envie de parler, j'aime pas parler. De rien. Mais je veux bien un Irish Coffee ouais ..."

Elyon capitula et soupira en se faisant entraîner par Aaron. Sa bonne humeur était contagieuse et il réussit à lui arracher un petit sourire tandis qu’il passait commande pour eux de deux Irish Coffee parce que ça avait "le goût du pays". Puis le Professeur de vol lui demanda comment elle allait alors qu’elle faisait tourner machinalement son alliance entre ses doigts.

« Bien, bien … »

Leur commande arriva et elle trempa les lèvres dans la boisson chaude qui faisait remonter à la surface une multitude de souvenirs plus ou moins heureux. Depuis qu’elle avait quitté la Grande Bretagne il n’y avait que l’Irish Coffee qui lui rappelait ses racines mais si parfois l’Ecosse lui manquait elle ne s’y sentait pas chez elle pour autant.


« Je viens de passer deux ans et demi en Australie. J’ai planché sur des fresques aborigènes, j’ai discuté avec des sorciers qui pratiquaient la magie comme au temps d’avant, ce n’est d’ailleurs pas si éloigné que ce que faisaient nos ancêtre celtes, ou même les vikings … »

En parlant de viking, Elyon eut une pensée pour Yngvar ce qui la plongea à nouveau dans la confusion.


« Je suis en France depuis un an là … C’est plutôt chouette comme pays, mais je ne pense pas rester. Je ne sais pas où j’irai ensuite. En Russie peut-être … Ou au Pérou. »

Tout en faisant tourner frénétiquement la bague entre ses doigts elle songeait à tout ça. Combien de temps d’errance encore ? En même temps elle sentait le regard d’Aaron peser sur elle, elle voyait bien qu’il attendait qu’elle parle seulement Elyon n’était pas du genre à se confier même si Aaron était son ami en plus d’être son Oncle par alliance (ce qu’elle cherchait d’ailleurs à oublier).

« Tu vois, la vie continue ! » [/b][/color]dit-elle avec un sourire sans joie en buvant une gorgée de café.

Il fallait absolument qu’ils arrêtent de parler d’elle parce qu’elle n’était plus qu’à deux doigts de flancher, chose qu’elle n’avait jamais faite depuis des années. Elle se sentait toujours triste et en colère mais ne dirigeait jamais ses émotions et ses ressentiments dans la bonne direction. Oui, c’était plus facile de reprocher ses problèmes à Nymphadora plutôt que d’affronter la douleur d’avoir perdu quelqu’un. Depuis 16 ans, elle n’avait jamais tellement pleuré la mort de son fiancé elle se l’était interdit en sachant qu’Anthony n’aimait pas la voir pleurer.


« Et toi alors ? Devenu Professeur. Qui l’eut cru ? Tu enseignes le vol aux élèves, mais tu arbitres les matches de Quidditch aussi je suppose ? Ça doit leur faire quelque-chose aux élèves d’avoir une célébrité comme toi pour leur donner des cours et pour les entraîner … »

Elle lui sourit encore, dans sa tête dissocier Aaron du Quidditch c’était une chose absolument impossible, c’était comme l’arracher elle d’une bibliothèque.

Elyon était contente d’entendre parler d’autre chose et Aaron faisait s’envoler sa morosité. Alors même si elle n’était pas passionnée par le Quidditch, voir Aaron en parler plus que de l’entendre c’était très plaisant. Alors elle ne dit rien pour ce qui était de son projet.

« Oh ! Secret Défense ! T’as ma parole d’honneur ! » dit-elle en riant.

Et de toutes manières, à qui irait-elle le raconter ? Ses amis n’étaient pas des fans de Quidditch. A la rigueur, cette information aurait intéressé Anthony mais bon …
Aaron s’enquit alors de ses projets pour ce soir. Comme d’habitude, elle s’enfilerait toute seule une bonne partie d’une bouteille de scotch avant de finir la tête dans ses oreillers ou ailleurs.

« Oh, sûrement avec un bon bouquin et un p’tit Whisky pur feu … Soirée tranquille quoi. »

Elyon se doutait qu’Aaron avait un plan à lui proposer pour ce soir, et elle se doutait aussi qu’elle aurait beaucoup de mal à s’éclipser parce que le joueur de Quidditch ne lâchait jamais l’affaire. Mais l’avantage avec Aaron, c’était qu’elle n’avait pas à craindre une quelconque séance de drague de sa part. Oui, c’était assez paradoxal venant d’Aaron, mais il était son oncle par alliance ou presque et faire ça dans sa propre famille, et bien c’est dégoûtant !
Quand elle comprit son plan elle devint encore plus blanche si c’était possible.

« Aaron, j’vais te tuer. Et je vais me tuer après. »

La tentation de partir fût grande mais c’était peine perdue. Elyon se contenta d’avaler cul-sec son whisky et celui d’Aaron avant qu’il ne revienne près d’elle, il allait falloir au moins ça ! De toute façon, il n’aurait pas le temps de boire parce que déjà on les appelait. Elle se laissa traîner devant tout le monde avec l’envie de s’enterrer vivante, mais heureusement, le whisky faisait son œuvre et la désinhibait. Elle se mit à rire comme jamais tandis qu’elle opérait le même sort sur elle.

« I couldn’t I tried ! »

Le duo enflamma la piste et non seulement Elyon chanta mais elle dansa aussi. Elle chantait bien en plus, elle faisait penser à ces chanteurs ratés qui hantent les karaokés. Aaron se prêtait au jeu et finalement, elle s’amusait beaucoup.

« Woooooohooooo !
Nobody knows it
When I was down »

Quand ils eurent fini leur petit cirque, les gens applaudirent et sifflèrent jusqu’à ce que le duo suivant les remplace. Elyon suivit Aaron en titubant.

« Hééééé ! Part pas ! J’ai dit que j’te tuerai, oui, pardon, j’ai bu ton verre et j’crois que je suis COMPLETEMENT pétée ! » dit-elle en éclatant de rire.

Elle s’assit alors sans aucune grâce sur sa chaise.
« Ouaaaiis, incroyable, je m’épate, je m’épate, je m’épate ! Je devrais p’têtre boire ça avant d’aller voir mon Viking tiieeennns »

Elle avait du mal à boire son verre par la bouche et en renversa la moitié en le reposant sur la table. La Dryade voyait double et elle avait presque déjà oublié ce qu’elle venait de dire à Aaron alors qu’il lui demandait tout simplement de qui elle parlait …

« De ? »

Elle réfléchit un court instant avant de se reprendre et dit à Aaron avec un air de commère :

« Figure toi pas que l’autre jour alors que j’étais dans les bois autour du village, y a un type, grand, beau, fort … mâââââââââgnifique qui m’abordée. Et il veut me revoir. Ouep ! »

Elle but la fin de son verre alors qu’il ne restait plus grand-chose dedans.

« Chais pas c’qu’y m’veut. Mais y est sexy. »

Cela fait trop longtemps à son goût que Jenna n’était pas sortie en ville, le soir, pour se murger la trogne et finir la tête à l’envers. Bon, elle devait reconnaître qu’elle prenait très à cœur son rôle d’enseignante et que l’exemple de maturité qu’elle devait donner commençait à lui monter à la tête. C’est quand elle s’en était rendu compte qu’elle s’était mise à flipper. Ok, elle avait dépassé la trentaine mais il était tout simplement hors de question qu’elle se retrouve coincée dans le cliché de l’adulte respectable, obsédée par sa carrière. Plutôt mourir piétinée par une horde d’hypogriffes et de se faire gober la tête par un strangulot. Non,non, non… Rien que l’idée lui donnait la nausée. Du coup, quoi de plus logique pour remédier à ça que de traîner l’une de ses collègues dans un bar karaoké pour massacrer quelques tubes et vider quelques bières.

Voilà comment la jolie infirmière, Lucila DaFirenze, et elle, s’étaient retrouvées à arpenter les rues de Brocéliande en ce début de soirée. Elle avait hâte de voir son amie, un micro à la main car, même si elles étaient complices, Jenna ne l’avait jamais faire des choses qu’elle estimait stupide comme elle-même en avait l’habitude. Poussant la porte de l’établissement, elle ne put réprimer un large sourire en entendant les notes disgracieuses produites par les clients sur la scène du karaoké. Cette soirée s’annonçait vraiment géniale.

Elles n’avaient pas fait deux pas à l’intérieur que son regard tomba sur la silhouette de sa cousine, attablée un peu plus loin. Quelle coïncidence ! C’était vraiment une excellente soirée qui était en train de se dessiner devant elle.

« Non de…. J’le crois pas ça ! »

Attrapant le poignet de Lucila, elle l’entraîna à sa suite, prenant la direction de la table d’Elyon.

« C’est ma cousine là-bas… Tu vas voir, elle est super sympa ! » lui donna-t-elle comme explication devant son air interrogateur.

Dans l’excitation, et oui Jenna ne dérogera pas de sitôt à son naturel  impulsif, elle n’avait pas du tout fait attention à la personne qui pouvait être attablée avec sa cousine adorée. S’il était avec elle, c’était forcément quelqu’un de sympa. Et elle ne se trompait pas vraiment puisqu’elle découvrit, un peu surprise quand même, qu’il s’agissait de Fillarius, le frère, celui qui occupait toutes les pensées de son amies et donc la majorité de leurs conversations au boulot. Ils ne semblaient pas les avoir vus approcher, sans quoi ce dernier n’aurait certainement pas continué son incroyable déballage de sentiments graveleux sur Lucila qui devait certainement bouillir juste à côté d’elle.

« Salut les poulets ! » Fut tout ce qu’elle trouva à dire lorsque le professeur de vol tourna enfin la tête dans leur direction, complètement gênée par la situation.

Lucila avait décidé de se faire une petite virée entres filles avec sa collègue et amie Jenna Elles avaient choisi un petit bar qui faisait karaoké à la manière des moldus, ce soir on s'amusait !
La sirène aimait beaucoup Jenna, elles s'entendaient à merveille. C'était le genre de femme à ne pas trop se prendre au sérieux et Lucila adorait ça. Qui plus est, elle la faisait beaucoup rire. Et rire ça n'était pas de refus en ce moment ! Sa vie sentimentale était plus animée que jamais. Depuis sa rencontre avec Goulven, Lucila n'avait plus les idées très claires. Elle l'aimait toujours c'était certain, mais elle ne savait pas quoi espérer venant de lui. Et pourtant elle espérait.. Elle se maudissait de penser ce genre de choses, de penser à lui ou à ce qu'il ressentait à son égard.

Et pourtant il y avait Aaron Fillarius, le beau Aaron. L'infirmière l'appréciait beaucoup il ne lui était pas aussi indifférent qu'elle le lui laisser entendre. Mais elle savait quel genre d'homme il était, et il n'était par conséquent pas pour elle.
Lucila passait la porte du bar en compagnie de Jenna, un grand sourire aux lèvres. Cette soirée s'annonçait grandiose ! Il y avait une très bonne ambiance ici, les sorciers au karaoké chantaient à tue-tête et les autres buvaient comme des trous. Rien de mieux pour se changer les idées.

Elle s'avançait vers le comptoir en quête d'un verre lorsque Jenna s'exclama que sa cousine était présente et elle l’entraîna avec elle. Ce n'est que lorsqu'elles arrivèrent à proximité qu'elle entendu la voix d'Aaron. Même à des kilomètres de l'Académie il avait fallu qu'elle se retrouve dans le même bar que lui ! Décidément, le destin s'acharnait contre elle. Elle eût un léger pincement au cœur en voyant qu'il était en charmante compagnie – la cousine de Jenna en l’occurrence. Elle était très belle et Aaron et elle avaient l'air très complice, même très proche (physiquement entre autre). La sirène eut honte de ressentir de la jalousie, il faisait ce qu'il voulait après tout! Et c'était elle qui le repoussait continuellement. Elle n'avait donc rien à dire.

Lucila tomba de haut, de très haut, lorsqu'elle entendit le sujet de conversation du professeur de vol et de son amie. Elle ne s'était donc pas trompé à son sujet. Tout ce qui l’intéressait c'était de « se la faire ». Il se tourna vers elles et put voir sur le visage de l'infirmière à quel point elle était déçue. Et c'était un euphémisme. Elle se rendit compte soudain compte à quel point elle s'était impliquée dans leur relation naissante et à quel point elle tenait à lui.

Elle tourna les talons en direction de la sortie sans un mot, le cœur serré et les yeux brillants. Elle était en colère contre lui mais aussi contre elle même, au final elle ne savait même pas ce qu'elle avait espéré venant de lui. Sûrement qu'il lui accorde un peu plus de respect qu'à ses conquêtes habituelles. La colère était présente mais la tristesse l'était encore plus. Décidément elle avait bien fait de ne rien accorder à Aaron, hormis le bénéfice du doute. Mais ce qui était certain désormais, c'est qu'elle ne ferait plus jamais deux fois la même erreur.

Aaron se passa la main sur le visage, regardant tour à tour Jenna et Elyon. Il leva les yeux au ciel, repassant sa main sur son visage et se leva de son siège comme un diable sort de sa boite.

Oh merde.... OH MERDE !!!! Oh l'abrutiiiiiis Désolé les filles... Je... Je suis trop con.

Courant vers la sortie un peu en titubant et poussant toute personne se trouvant sur son passage, il cherchait Lucila du regard. Enfin, il la vit de loin, courant vers elle, tâchant de faire preuve de toute la capacité physique et mentale pour s'excuser en ayant l'air le plus crédible du monde, ce qui n'était vraiment pas gagné.

(hj : on vous laisse vous retrouver entre cousiiiines !)

La suite de leur intervention fut comme une mauvaise comédie romantique selon Jenna. Non pas qu’elle était insensible au sort de son amie Lucila. Si elle n’avait pas été aussi surprise de la voir filer comme l’éclair vers la sortie, elle l’aurait probablement suivi pour la soutenir. Non, à la place, elle resta bouche bée, devant la scène manqua de faire un vol plané lorsqu’Aaron s’extirpa dans son siège pour se lancer à la poursuite de la jolie infirmière. Qu’est-ce que je disais, une véritable comédie romantique.

Toujours debout, elle regarda l’espace de quelques secondes la porte du bar s’ouvrir enfin au passage du professeur de vol, tentant de déterminer si elle devait elle aussi se mettre à courir derrière eux pour s’assurer que tout irait bien. Après ce qu’Aaron venait de sortir très naturellement, Jenna imagina que le seul véritablement en danger c’était lui. Dommage, elle l’aimait bien pourtant. Titillait par le doute que cela puisse malgré tout mal tourner, elle avait tout de même pris la décision de les suivre, au cas où, mais le gémissement nauséeux qu’émit sa cousine derrière elle la dissuada de jouer les héroïnes.

Intriguée par le bruit étrange que celle-ci avait produit, Jenna se tourna enfin vers elle. Elyon n’avait pas vraiment l’air dans son assiette. Il semblait qu’elle avait déjà bien commencé la fête sans elle. Amusée par la situation, elle finit par s’accroupir à côté d’elle.

« Ca va Ely ? »

Elyon écoutait autant que faire se pouvait Aaron parler de sa sympathique collègue, mais même avec un coup dans le nez elle était capable de s'offusquer de la manière dont il parlait.

"Ca va pas non ? De parler des gens comme ça ? J'te signale que moi je serais elle, bah elle me frapperait ! Enfin non, je la taperais ... Je m'en collerais une ! Enfin, tu m'comprends quoi ... Ooooooooh Jeennaaaaaaa !"

La dryade fît un grand signe à sa cousine et elle ne comprit pas beaucoup la suite. La fille qui était avec elle partit, Aaron aussi, alors elle se poussa pour lui faire une place mais manqua de s'effondrer sur le sol. Visiblement inquiète, Jenna s'enquit de son état et Ely leva la main en signe de paix (mais de paix de quoi ????)

Ca va ... Ca va. J'ai JUSTE un p'tit peu picolé, mais j'peux encore marcher regarde ... J'en ai vu des pires hein ..."

Mais pour l'heure l'écrivain ne pouvait même pas se lever. Cela promettait une gueule de bois absolument merveilleuse le lendemain.

"J'ai rien compris à qu'est-ce qui s'est passé. Jenna, tu dors à la maison ce soir ? J'crois que je peux paaaas rentrer toute seule ..."

Un p’tit peu picolé ? Elle comptait quand même pas lui faire croire ce bobard ? Ah bah si apparemment. Jenna secoua la tête de droite à gauche en regardant sa cousine se débattre avec les mots qui sortaient de sa bouche, un large sourire sur les lèvres. D’habitude c’était plutôt elle qui offrait ce genre de spectacle. Poussant sa cousine, Jenna vint s’installer à côté d’elle au moment où celle-ci reconnaissait enfin qu’elle était incapable de rentrer par ses propres moyens. Sans déc’ ? Même un détraqueur autiste s’en serait rendu compte de ça !

« J’ai pas compris grand-chose non plus si ça peut te rassurer… » lui répondit-elle amusée.

C’est vrai qu’elle était un peu larguée par l’épisode d’Aarila auquel elle venait d’assister. Depuis le temps qu’ils se tournaient autour ces deux-là, toute l’académie était au courant. Non, ça c’était faux. Elle, elle le savait parce qu’elle était dans la confidence. Parce que Lucila lui en avait parlé comme elle lui avait tout dit sur son ex fiancé. Cette fille était d’un compliqué. Mais ça ne l’empêchait pas du tout de l’adorer et au moins, elles avaient de quoi parler. Mais sur ce coup-là, elle était paumée. Aaron n’avait pas la réputation d’être le roi de la finesse et ça, tout le monde le savait. Bon, c’est vrai qu’il avait mal joué ses cartes avec son histoire de se la faire. Un vrai poète. Mais ça se voyait comme le nez au milieu de la figure que c’était pas qu’une histoire de fesses tout ça. Enfin, elle ce qu’elle en disait hein ! Pour le moment, il fallait qu’elle s’occupe de sa cousine, qui avait fini par s’avachir sur son épaule, somnolant à moitié après lui avoir demandé de dormir chez elle.

« Ooooooook… Je crois qu’on va y aller qu’est-ce que t’en penses ? T’as assez bringué pour ce soir ! Aller hop… A Créteil ! »

Jenna aida Ely à se relever et à se tenir sur ses jambes, ce qui était loin d’être une partie de plaisir vu qu’elle avait manqué pas mal de cours de sport quand elle était à l’école. Elle maudit intérieurement le gouvernement de lui avoir foutu la pétoche, sans ça, elle aurait utilisé son application magique pour transplaner à l’intérieur du bâtiment directement chez sa cousine. Au lieu de ça, elle dut limite la porter sur son dos sous le regard hilare de l’ensemble de l’établissement. Merci Ely ! Enfin c’était pas la première fois qu’elle se ridiculisait en public… Une fois chez Ely, elle la conduisit directement dans sa chambre et se laissa tomber avec elle sur le lit.

« Et voilà… »

Visiblement, Jenna n'avait rien compris non plus mais pour autant qu'elle le sache, ça n'avait jamais été très simple entre Aaron et la gente féminine déjà depuis Poudlard. Elle s'abstint de faire des nouveaux commentaires et se laissa raccompagner chez elle par Jenna. Elles aterrirent mollement sur son lit au milieu des plumes et des parchemins. La Dryade cacha ses yeux sous son avant-bras et se plaignit.

"Ouïe aïe aïe ... je subodore déjà la gueule de bois demain matin, je passerait la journée à boire du thé chaud et à me dire "plus jamais je boirai une goutte d'alcool" ... Heureusement que tu m'as raccompagnée je crois que je ne serais pas rentrée en un seul morceau."

Elle roula sur le côté en écrasant quelques feuilles au passage et prit sa cousine dans ses bras.

"Tu restes cette nuit dit ? J'veux pas rester toute seule."

Elle cacha sa tête brune entre les bras de sa cousine en priant pour qu'elle accepte. Cette journée avait été particulièrement difficile, chargée de souvenir plus ou moins heureux mais tous douloureux et elle la finissait en se vautrant dans des écrits qu'elle ne pourrait jamais publier. Merveilleux ...