Alceste avait déjà une pression monstrueuse sur les épaules, si bien qu'il avait du travail par-dessus la tête. Il ne tenait pas, cette année encore, à se retrouver en ballottage à devoir travailler d'arrache-pied pour conserver sa place à l'Académie. Ah ! Pourquoi n'avait-il pas les facilités de sa sœur pour étudier ? Que la nature était mal faite.

Il consacrait une bonne partie de son temps lire aux études et cela le conduisit à faire une chose incroyable, inédite, sans précédent et tout un tas d'autres synonymes pour Alceste Massardier, le quart de géant : dire non. Refuser de rendre service. Les premiers avaient pris cela pour une blague. Les seconds s'étaient demandé s'il n'était pas malade. Les troisièmes avaient conclu qu'Alceste n'était plus le bon gars qu'il était autrefois et que sa sœur avait fini par déteindre sur lui.

Alors il avait perdu pas mal de ce qu'il pensait être des amis et s'était un peu renfrogné, allant parfois jusqu'à être désagréable. Il l'avait assez mauvaise et avait réalisé que certains ne s'offraient leur amitié que par intérêt … Blessé il s'était même fait la résolution de devenir égoïste.

Une résolution qu'il ne tint qu'une demi-heure, en réalité. Alors qu'il se trouvait dans la Bibliothèque à consulter un manuel d'herbologie conseillé par le Professeur Richter, il remarqua qu'une de ses camarades de Noctua avait un peu de peine à attraper un livre situé un peu haut pour elle.
Avant qu'elle n'ait eu le temps de sortir sa baguette, il était près d'elle en quelques enjambées et lui attrapa le volume convoité puis lui mis dans les mains.

- Tiens … dit le jeune homme soudain radouci.

Quoi, il n'y pouvait rien, s'il devenait encore plus idiot qu'il ne l'était déjà, une fois qu'elle était là. Pourtant, la chevelure flamboyante de la jeune harpie aurait du le mettre en garde. Absorbé par la seule idée de vouloir aider son prochain, il n'avait pas fait attention, il se retrouvait à nouveau devant Ala, alors qu'il n'y était absolument pas préparé.

- Merci, enfin de rien. bafouilla t-il. La dernière fois qu'ils s'étaient vu, il avait simplement manqué de l'écrabouiller.

- Bref, faut que je bosse. lui dit-il en se dirigeant vers sa table, prêt à se remettre au travail.