La Sorcière était d’humeur très nostalgique, voire même mélancolique, lorsqu’elle aperçue ces gros nuages gris ce samedi matin. Le temps n’aidait pas à sa bonne humeur, bien évidemment. Dans ces jours-là, elle se sentait terriblement fatiguée. Et bien étrangement, la colère passait avec. Ses yeux se perdirent sur les gouttelettes qui venaient frapper de plein fouet la vitre de la chambre. Elle baissa les yeux, serrant les mains. Margot était assise sur le bord du lit, sur ses genoux se trouvait le roman que Lodski lui avait prêté. Sa mâchoire se crispa d’un coup, alors qu’elle envoya valser contre le mur, de l’autre côté de la pièce. Elle soupira. Mais… quelque chose n’allait pas, quelque chose d’autre. La sorcière ferma les yeux, un bruit se fît entendre, venant de l’entrée des lieux. Une lettre venait d’arriver, pas n’importe quelle lettre, une lettre express du Département.

La Rousse couru alors jusqu’à la missive, l’ouvrant d’un coup de baguette. Elle la détailla rapidement, mais soigneusement, vérifiant bien qu’elle venait du Département. Sa baguette vint alors se poser sur le papier, et alors qu’elle la lançait en l’air, elle murmura : « Lacarnum Inflamare… ». Le papier se consuma instantanément. La Sorcière, fronçant ses sourcils, resta un instant immobile, puis elle rejoignit en vitesse sa garde-robe, enfilant tout aussi rapidement sa tenue du Département. Un hybride, en fuite, aurait été aperçu partir vers la forêt. On lui avait demandé d’aller y jeter un coup d’œil, au moins partiellement.

Alors elle transplana pour arriver à l’orée du bois, du côté Ouest de Brocéliande. Elle s’y engouffra, sans attendre, baguette à la main. Pendant plus d’une heure, elle parcouru l’endroit. Toute seule, elle ne pouvait le faire. Mais de toute façon, cet individu n’était pas très important. Le Gouvernement détenait toute sa famille. Il finirait bien par revenir. Elle était sur le point de faire demi-tour. Mais soudain, la jeune femme sentit un frisson parcourir tout son corps, jusqu’à dresser les poils dans sa nuque. Son emprise sur la baguette s’intensifia. Elle reconnue les lieux. Elle ne pourrait jamais les oublier. Ses yeux retracèrent les évènements. Elle, toute petite, avec son père à côté. Et soudain…  ce bruit. Ce bruit ? Oui. Un bruit venait de se faire entendre, juste derrière la Sorcière. Comme il y a tant d’années. Elle leva sa baguette, fronçant les sourcils.

- Montrez-vous. Tout de suite.

Elle avait la gorge nouée. Ce lieu lui faisait toujours cet effet. Mais heureusement pour… ce qui avait fait du bruit, elle restait totalement maîtresse de sa baguette.

Alceste n'aimait pas la ville, mais il n'avait pas eu le choix d'y aller. Il avait dû se présenter au gouvernement pour les contrôles classiques. Alceste se pliait sans broncher aux injonctions du gouvernement.
Le Cerva refaisait sa dernière année à l'Académie et il était infiniment heureux de cette nouvelle chance.

Il se sentait étouffer dans le milieu urbain de la ville sorcière, il avait besoin de voir la verdure. Il avait mal aussi, mal à l'égo. Il trouvait ces procédures très humiliantes. Il avait grandi dans les montagnes, il savait que de retrouver un milieu naturel l'apaiserait un peu.
L'année qui allait suivre n'était pas évidente pour lui. Il allait devoir faire face sans Evelyne, sans Célia ... Sans les personnes sur qui il comptait le plus. Heureusement, il y avait toujours Alix et, dans une certaine mesure, Lysandre.

Il prit le chemin des bois et s'y engouffra en courbant légèrement la tête pour éviter les branches les plus basses, mais alors qu'il marchait, il repéra une sorcière qu'il avait vu dans les bâtiments du Grand Conseil. C'était un réflexe idiot, il se cacha, mais l'autre s'en aperçut et l'obligea à sortir.
Alceste se terra encore plus derrière son arbre, mais elle n'était pas dupe, elle savait qu'il était là. Il n'avait pas vraiment le choix, il fût obligé de sortir.

- Je suis en règle, Madame, je vous le jure ...

Quelque-chose dans l'attitude de la jeune femme effrayait Alceste. Il n'aimait pas cela du tout.

- Une alerte ? Je n'ai rien vu ici, Madame. Je ne faisais que me promener, la ville m'agresse un peu.

On ne connaissait pas Alceste comme ça, mais il était extrêmement agacé par la situation. Devoir aller au Grand Conseil, puis ça ... cela égratignait le peu de fierté qu'il avait. Pourquoi avait-il des compte à lui rendre ? Pourquoi devrait-il se justifier alors qu'elle, sorcière, pouvait aller où bon lui semblait sans que personne ne lui demande rien ?

- Vous ne permettriez pas une seule seconde que je vous retourne la question. Je suis en règle, ma taxe pour ma baguette est payée. Si vous ne me croyez pas, j'ai le reçu. Je suis enregistré, j'ai fait tout ce qu'il fallait. Ai-je encore le droit de me promener ici ?

Il avait un a priori tellement négatif sur la ville que cela le rendait assez peu disposé à être aimable et toute son hostilité allait à l'encontre de Margot.