Par un samedi ensoleillé, Sophie avait décidé de passer son après-midi à arpenter les rues de Brocéliande et à faire quelques boutiques. Elle aimait bien parcourir les rues pavées du centre ville, entendre le bruit des semelles en cuir qui claquent sur le sol et capturer les bribes de conversation des passants qui croisaient sa route. Elle s’arrêta dans divers magasins et aurait tôt fait d’être encombrée de sacs aux coloris multicolores si elle n’avait su faire usage d’un sort de réduction, fort pratique en ce genre de circonstances, qui lui permit de tout caser dans une petite sacoche qu’elle portait en bandoulière.

Satisfaite de ses achats, elle envisageait de rentrer chez elle quand son attention fut attirée par des éclats de voix. Intriguée, elle se dirigea vers l’origine du bruit et arriva promptement à une place au centre de laquelle se trouvait une fontaine. Elle ne mit guère de temps à repérer l’origine du vacarme : un hybride d’ogre était arrêté et menotté. Son amie, hybride de gobelin, protestait vivement à l’encontre de l’agent. Sophie fronça les sourcils et décida de savoir de quoi il en retournait. Elle se dirigea donc vers le trio formé par l’hybride d’ogre, celle de gobelin et l’agent et finit par comprendre que l’hybride d’ogre était arrêté pour possession de baguette magique illégale. Son amie, l’hybride de gobelin, s’agitait, interpellant l’agent et les personnes assistant à la scène sur les raisons qui poussaient les hybrides à se procurer de tels objets, des larmes pleins les yeux.

La sénatrice fut touchée par ses propos et ne pouvait qu’adhérer à sa révolte, mais elle n’intervint pas. En tant que sénatrice du Département du Contrôle des Objets et Trafics illicites, elle ne pouvait raisonnablement pas prendre la défense d’un hybride possédant une baguette magique illégale. A contrecœur, elle se détourna de cette scène et reprit son chemin.

Tandis qu’elle marchait quelques rues plus loin, complètement perdue dans ses pensées, repassant la scène qu’elle venait de voir dans sa tête, elle percuta un homme qu’elle ne reconnut pas tout de suite.
- Excusez-moi, fit-elle en relevant la tête.

C’est alors qu’elle le reconnut : Henri Morse.
- Oh, c’est vous ! ne put-elle que constater. Bonjour Monsieur Morse, ajouta-t-elle avec un sourire poli mais dénué de toute sympathie.

Elle connaissait le directeur de la police magique pour avoir eu des réunions avec lui et d’autres collègues, mais leur relation était uniquement professionnelle. À cet égard, si Sophie respectait son parcours et reconnaissait en lui un homme de droit, elle ne pouvait s’empêcher de se méfier de lui et surtout regrettait qu'il décide d'appliquer la loi sans vraiment se poser de questions.