C’était le jour de la rentrée et Gaspard restait fidèle à lui-même, blasé d’être de retour dans ce château. D’un autre côté, il ne pouvait se mentir non plus, l’idée de pouvoir martyriser des petits nouveaux l’enchantait. Car oui, il devait reconnaitre s’être beaucoup ennuyé pendant ses vacances sans personne à terroriser. L’ambiance familiale froide et rigide ne le dérangeait pas tellement, mais il ne pouvait pas non plus jouer les dictateurs comme à BeauxBâtons et ça lui manquait énormément.

Amassé dans le hall de l’école parmi les autres élèves de sa guilde, Gaspard se tenait négligemment adossé à un mur, les bras croisé contre sa poitrine. Sa petite troupe se tenait autour de lui, parlant fort, racontant probablement ce qu’ils avaient fait de leur temps durant les vacances. Des futilités ! Le jeune homme ne se sentait proche d’eux que parce qu’ils partageaient la même guilde et les mêmes opinions vis-à-vis de certains individus. Son regard tomba finalement sur un élève de Lutra qu’il connaissait bien : Lysandre. Le simple fait d’apercevoir sa silhouette l’irrita au plus haut point et le fit se redressait. Il détestait Lysandre Sainclair autant qu’il détestait sa comparse Alix Vannier. Plus jeune que lui, il n’avait de cesse de se faire remarquer de par sa grande taille que par son esprit stupidement héroïque. Une vraie plaie. Mais en regardant bien, Gaspard se rendit compte que la jeune fille habituellement toujours collée à ses basques n’était pas dans les parages. C’est vrai qu’elle avait été renvoyée l’an dernier un peu avant les vacances. Et malgré tout le remue-ménage qu’il avait pu causer avec d’autres élèves, la direction n’avait pas bronché. Un sourire narquois naquit sur ses lèvres et il se décida à quitter sa place pour s’approcher du jeune Lutra.

« Bah alors Sainclair ! Ta copine la blondasse te manque ? »

À quelques pas de lui, toujours mêlés parmi les autres élèves de sa guilde, le jeune sorcier fixait sournoisement son cadet en ricanant.

« Elle l’avait bien cherché aussi ! Une sang de bourbe comme elle… Ça lui pendait au nez ! »

La rentrée avait eu lieu quelques jours auparavant. Lysandre, qui d'ordinaire se réjouissait de ce moment, tirait une gueule de 6 pieds de long. Alix n'avait toujours pas réintégré l'Académie en dépit de ses efforts devant le conseil de discipline et même si le jeune Lutra avait passé le plus clair de son été avec elle, se retrouver comme ça séparé le déprimait au plus haut point. L'idée de ne pas revoir son amie avant les prochaines vacances de Noël lui était insupportable !
Alors qu'il savait qu'elle travaillait d'arrache-pied pour avoir le droit de revenir, il était maussade et extrêmement susceptible sur la question. Preuve en était : Ils étaient rentrés lundi, on était jeudi, et il n'avait pas encore eu une seule heure de colle, c'est vous dire s'il était triste.

Il avait même passé un certain temps dans une des salles d'étude pour travailler et ne pas prendre de retard dans ses devoirs à rendre. Il avait de nouvelles options qu'il avait hâte de découvrir et surtout celui du Professeur Tillier. Lequel était-ce ? Aucune idée, il devait certainement être trop cool. Lysandre avait choisi l'étude des Objets Magiques pour l'enseignante et non pour la matière en elle-même.

Au bout d'une demi-heure, il estima qu'il avait assez travaillé et se décida à rejoindre les quartiers de Lutra, désoeuvré et n'ayant aucune connerie à faire. Il croisa alors la route de Gaspard, un Cycna à la langue bien pendue ...

- Blondasse ? Sang de Bourbe ?

Il commençait mal l'année. Et ce n'était pas le fait qu'il était entouré d'autres gars de sa guilde qui allait le rebuter.

- Fout lui la paix, elle mérite sa place ici, plus que toi !

Il ne trouvait aucune réplique cinglante à lui balancer et continua son chemin, ne voulant pas perdre plus de temps.

La vue du jeune Lutra seul dans le hall de l’école avait redonné le sourire à Gaspard. Mais pas n’importe quel sourire, non, non. Son éternelle et insupportable expression de satisfaction vicieuse. Comme il s’y attendait, le jeune homme s’était figé sur place lorsqu’il l’avait interpelé pour le titiller à propos de la sang-de-bourbe. Mais par contre, ce qu’il n’avait pas du tout prévu, c’est qu’il se remettrait en route juste après l’avoir remis à sa place.

Rouge de colère, Gaspard faillit s’étrangler lorsque Lysandre lui balança que sa copine avait plus de légitimité que lui dans cette école. Et puis quoi encore ? Une sang-de-bourbe. Les bras tendus le long du corps, le jeune sorcier serra les poings si forts qu’il s’en fit blanchir les jointures. Sortant enfin de son petit groupe de terreur, il fit quelques pas en avant pour se planter en plein milieu du hall et de sortir sa baguette. Hors de question de laisser passer un tel manque de respect de la part de ce moins-que-rien.

« EXPELLIARMUS ! »

Le sort fila dans la pièce en direction du jeune Lutra mais n’eut pour effet que de faire chuter quelques plumes qui pendaient tristement de son sac. Manqué ! Évidement, les sortilèges et Gaspard, ça faisait bien souvent deux voire trois. Mais au moins, il était parvenu à capter de nouveau l’attention de sa victime.

« Tu peux dire ce que tu veux Sainclair… Mais en attendant… moi je suis toujours là et pas elle ! »

Immobile dans la pièce, les bras croisés contre sa poitrine, le jeune Cycna fixait son interlocuteur avec défi. Sa petite bande était toujours là, le regard fixait sur lui mais n’avait pas bougé d’un pouce, jaugeant la température. Gaspard était stupide mais pas stupide au point d’affronter le jeune homme tout seul.

« Qu’est-ce qu’elle fait maintenant ? Elle fait le ménage chez de vrais sorciers ? C’est à ça que ça sert non ? Les sangs-de-bourbe ? »

Lysandre était né chez les Moldus. Il avait une mère Moldue, qui l'avait élevé comme un Moldu et qui lui avait appris à se comporter comme un Moldu. Alors parfois, il avait tendance à oublier qu'il était un sorcier, et non un Moldu.
Il sentit le sortilège de désarmement frôler son oreille et se retourna, rouge de colère, sans penser à sortir sa baguette. Les paroles du Cycna ne l'apaisèrent nullement, elles décuplèrent sa fureur et en quelques enjambées, il fût vers lui près à en découdre avec ses points.

- Elle est partie justement parce qu'elle est du bon côté, pauvre con !

Il ne savait même pas pourquoi il tentait de s'expliquer avec lui. Il savait surtout que s'il était encore pris à se battre, il allait écoper d'un certain nombre d'heures de colle ... Or, son emploi du temps du soir était déjà rempli jusque fin septembre.

- Laisse la tranquille. Elle est même pas là. Va te défouler sur des première année ou sur Merlin, dit le Lutra qui avait encore de la rancœur envers son camarade qui lui avait piqué le premier rôle au théâtre.

- Et pour ton info, son père est sorcier, alors ferme ta gueule.

Gaspard riait aux éclats de sa dernière insulte à l’encontre de la jeune lutra récemment renvoyée. Il était tellement fier de lui qu’il en profita pour jeter un œil vers sa petite bande à la recherche de soutien. Ce qu’il trouva bien évidemment en constatant que sa réplique les faisait rire tout autant que lui. Il était tellement occupé à fanfaronner de son exploit qu’il ne vit pas tout de suite Lysandre se mettre en marche vers lui.

L’air sombre que son interlocuteur arborait en le rejoignant l’effraya au point de lui couper l’envie de rire et il fit un pas en arrière lorsque le jeune sorcier s’immobilisa devant lui l’air pas commode du tout. Toute l’assurance de Gaspard fila en un claquement de doigts et il était prêt à lâcher l’affaire et à retourner fissa avec sa clique lorsque Lysandre le traita de "pauvre con" et lui ordonna de "fermer sa gueule".

« J’en ai rien à branler que son père soit un sorcier ou un foutu moldu de merde ! Ta copine est une pauv’conne qui a rien à foutre ici… Comme toi d’ailleurs Sainclair… »

Le cycna était vexé et son visage s’empourprait pour témoigner de sa colère. Il n’avait pas menti lorsqu’il avait dit se moquer des origines d’Alix. Pour lui, qu’elle soit sang-mêlé, sang-de-bourbe ou même hybride, c’était du pareil au même. Il n’appréciait aucun des trois de toute manière. Mais il venait une nouvelle fois de se faire ridiculiser par Sainclair et devant tout son petit monde en plus.

« Franchement, il était temps qu’on fasse le ménage dans cette école… Et j’ai hâte que ce soit ton tour de virer d’ici ! Sale tâche ! »

A répondre à la haine par la haine, Lysandre aurait dû se douter que son échange avec Grange n'engendrerait rien de bon. Tout comme on ne réglait rien par un attentat de Bombabouse. Le Lutra en colère ne laissa rien passer, ni les insultes à son égard, ni à celui d'Alix. Qu'en plus, le Cycna prétende avoir d'avantage sa place à l'Académie que lui l'acheva de le faire sortir de ses gonds.
Son coeur commanda à son bras sans prendre le temps de consulter sa tête et son poing fermé alla s'écraser contre la mâchoire de l'ennemi. Mais ça ne s'arrêta pas là ! Sa jambe gauche fût aussi impliquée dans l'affaire et envoya sa rotule droit dans l'abodmen de Gaspard. Dans un dernier geste, Lysandre le poussa de tout son poids afin qu'il tombe par terre.

- La ferme ! Vociféra t-il.

Il était révolté contre les anti hybrides, mais aussi révolté contre ceux qui leur donnait tant de peine à trouver une place dans le monde des sorciers alors qu'ils étaient dotés de pouvoirs comme tout le monde. Né-Moldu, Sang-Mêlé, quelle différence cela faisait-il au bout du compte.

Même s’il aurait dû s’y attendre, Gaspard ne s’attendait pas du tout à la réaction du Lutra. Le coup-de-poing dans la mâchoire coupa net ses éclats de rire mauvais et le sonna suffisamment pour qu’il ne puisse pas empêcher le coup de pied qui suivit ni même de finir sur ses fesses. Bouche-bée, la main sur le bas de son visage meurtri, le jeune sorcier s’éloigna de son agresseur en rampant à reculons sur le sol. Un regard en arrière lui confirma que ses joyeux drilles avaient pris la poudre d’escampette, le laissant seul face à un Lysandre très remonté.

« Sale cafard ! T’as pas le droit de me toucher ! » lui hurla-t-il dessus en le pointant du doigt.

D’un bond, Gaspard se remit sur ses pieds et brandit une nouvelle fois sa baguette dans la direction du sixième année, la main légèrement tremblante. Il était autant effrayé qu’excédé contre lui et il mourrait d’envie de lui lancer un sort pour le blesser. Seulement voilà, il était nul en sortilège et il risquait de perdre du temps à tenter le coup plutôt que de prendre ses jambes à son cou pour aller se réfugier quelque part et préparer sa vengeance. Mais Gaspard ne serait pas Gaspard si de deux mots, il choisissait le moindre et d’un geste maladroit, il agita sa baguette contre le jeune sorcier face à lui.

« Sectumsempra ! »

Un éclair blanc jaillit comme un éclair et fila droit sur Lysandre pour finir par entailler le tissu de sa manche de chemise. Déçu, d’avoir encore échoué, ses bras lui tombèrent le long du corps et il fit un pas en arrière prêt à s’enfuir.

La température montait dans le couloir et Lysandre ne comptait pas se laisser faire. Il n’était pas bête, mais sous la colère, il n’avait pas des réactions très intelligentes, et surtout des réactions très moldues. Il n’y coupa pas : Gaspard sortit sa baguette et tenta de lui jeter un sort et non des moindres : le Sectumsempra, qui pouvait infliger des blessures très sérieuses. Heureusement pour lui, Gaspart rata son sort, mais il déchira la chemine du Lutra qui se sentit blanchir.

Hé ! Mais ça va pas non ?! Ma mère elle va me tuer !

Il était indéniable que Cécilia Sainclair ait eu quelques loupés dans l’éducation de son fils. Elle mettait cependant un point d’honneur à ce qu’il prenne soin de ses affaires, d’autant qu’elle ne roulait pas sur l’or et ne pouvait pas acheter des vêtements neufs à Lysandre tous les quatre matins.

- Tarentallegra !

Ni une ni deux, l’adolescent lança sur son adversaire, le sort qui faisait danser les pieds.

- Tiens ! J’esère que tu vas choper des ampoules ! Ce sera bien fait !

Sous le coup de la colère, le jeune Cycna ne s’était pas retenu de lancer un sort dangereux à l’encontre de son camarade. Son sourire cruel vira rapidement à la grimace et son teint passa du blanc au rouge alors qu’il s’agaçait d’avoir une nouvelle fois raté son coup. Pourquoi fallait-il qu’il soit autant empoté avec sa baguette. Fulminant, Gaspard ruminait au milieu du couloir, sa petite bande figée derrière lui, attendant un signe de sa part pour réagir.

« Tu perds rien pour attendre, Sainclair… »

Trop occupé à s’insurger contre son camarade, il ne s’était absolument pas aperçu que celui-ci s’était à son tour saisi de sa baguette pour la brandir contre lui. Le sort traversa le couloir avec célérité et l’atteignit de plein fouet sans qu’il ne puisse rien faire pour l’éviter. Immédiatement, ses jambes se mirent à s’agiter dans tous les sens, sans qu’il ne puisse rien faire pour les en empêcher. Il hurla de rage avant de se tourner tant bien que mal vers ses camarades pour qu’ils fassent quelque chose contre ce stupide sort qu’on lui avait jeté. Leurs sourires s’effacèrent lorsqu’il croisa leur regard et l’un d’eux s’avança vers lui pour stopper le sort.

« Ca… Tu vas me le payer cher crétin ! Je te jure que tu vas me le payer très cher… » lança-t-il à Lysandre en le pointant du doigt.

Mais pas maintenant. Gaspard était un crétin mais il n’était pas stupide au point de se laisser humilier encore une fois. Vert de rage, il recula vers sa bande avant de prendre ses jambes à son coup en direction de sa guilde.