Bénédicte de Beauregard n'avait désormais plus aucun soutien de la part de son personnel à l'Académie. Elle n'en avait cure. Elle se considérait comme le seul maître à bord du navire, et assise à son bureau, elle jaugeait l'organigramme de l'école l'air malsain. Ses yeux balayaient les noms écrits sur le parchemin et son esprits faisait l'inventaire de tous ceux qu'elle avait pris en grippe, personnellement. Oh, cela était toujours motivé.
Boisseuil : elle ne la supportait pas. Elle savait qu'elle faisait tous ses coups en douce, elle détestait cela. Tillier et sa grande gueule, qui lui avait tenu tête devant toute l'école, elle le paierait un jour. Richter, qui s'était permis de lui manquer de respect lors d'une réunion de professeur, elle lui ferait boire toutes ses plantes en tisanes ! Et Le Guerrec, lui, son affront avait été la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase, et elle envisageait de prendre une revanche bien particulière contre lui. Il ne lui manquait que quelques informations pour mettre son plan à exécution.

Il n'y en avait un encore, à l'Académie, qui lui inspirait moyennement confiance. Elle voyait en lui trop de docilité pour qu'il soit complètement honnête, et la Sylphide ne savait sur quel pied danser avec lui. Niels Maddox était nouvellement arrivé à l'Académie, elle ne le connaissait pas, elle n'aimait pas cela. Alors, dans le but de mieux le cerner, elle l'avait convoqué autour d'une courtoise tasse de thé.

Il n'avait pas intérêt à être en retard.

Comme à son habitude, Niels arriva deux minutes en avance à son rendez-vous avec la directrice. Il frappa, et quand on le lui autorisa, il rentra dans le grand et luxueux bureau de la directrice. D'un côté, de grandes bibliothèques presque vide tapissait le mur, quant à l'autre, des portraits le recouvrait. La directrice était là, assise derrière son bureau. Visiblement, elle l'attendait.

Il aurait bien aimer lui amener des fleurs, mais ça aurait tout de suite montré, soit qu'il n'était aucunement honnète dans ses propos, soit qu'il était secrètement amoureux de la nymphe. Bon, c'est vrai qu'il n'était pas honnète, mais ce n'était pas la peine de le crier sur tous les toits.

Il s'approcha du bureau, et s'assis sir la chaise qui était en face. Puis, il commenca à parler :

-Bonsoir madame la directrice. Commenca le professeur.

Si elle l'avait convoqué, c'était sûrement à cause de ce qu'ik avait dit lors de la réunion de pré-rentrée. Quant il avait essayé d'augmenter le budget des professeurs, en parlant à une Benedicte bien énervée. Mais avant d'augmenter les budgets, il allait devoir gagner sa confiance.

-Je suis désolé que vous ayez mal pris ce que je vous ai dit à la réunion. Vous savez, j'était sincère.

Il frappa alors qu'elle ne l'attendait pas si tôt. A deux minutes près, la directrice n'était pas prête ! Elle rangea en hâte son bureau, tapa dans ses mains, et le service à thé s'installa tout seul sur une petite table. Bénédicte ne se pressa pas pour lui ouvrir, cependant. Elle aimait la ponctualité et quand elle donnait un rendez-vous ou convoquait quelqu'un, elle attendait de cette personne qu'elle soit pile à l'heure. Ni en avance, ni en retard, mais à l'heure précise où elle l'avait conviée. Quand il fût l'heure, elle ouvrit la porte à son invité.

- Entrez Niels, entrez ! Les boudoirs son prêts et le thé va refroidir, je vous en prie, prenez place. Et débarrassez-vous de votre veste ... dit-elle en faisant glisser le vêtement des épaules de l'homme sans attendre de réponse.

Elle le servit en thé, aussi bien qu'en sucre, sans lui demander préalablement s'il en prenait.

- Comment allez-vous très cher ? Vous prenez vos marques à l'Académie ? Après cette réunion houleuse de la dernière fois,j'ai cru bon de vous inviter pour un moment plus ... paisible ? Certaines de vos collègue sont tellement dissipées ... Mais elles ne nous intéressent pas.
Parlez-moi de vous ? Qu'avez-vous fait avant d'échouer dans cette académie ?

La Directrice envoya un sourire au Professeur, un sourire qui semblait chaleureux. Mais lorsqu'on connaissait Bénédicte de Beauregard, on savait qu'un sourire sur son visage n'était jamais le reflet de quelque-chose de positif ...

Elle avait l'air bien plus sympathique que la dernière fois qu'il l'avait vu. Mais Niels savait qu'il ne fallait pas se fier aux apparences, surtout envers la directrice, ses collègues lui avaient déjà fait part de leurs impression envers elle. En arrivant, elle lui avait servie le thé, et on aurait presque dit une grand-mère accueillant son petit-fils bien aimé. Je ne pense pas qu'elle considère Niels comme son petit-fils, mais plutôt comme un collègue qu'elle a envie de s'avoir à la bonne.

S'étant assis, il accepta la tasse de thé que la directrice lui tendait, plus par politesse que par envie de thé, car il détestait ce breuvage, bien qu'il soit anglais. Puis, avant de lui parler de formalité administrative, ou d'autre choses dans ce genre la, elle lui demanda ce qu'il avait fait pour arriver dans cette école. Niels lui répondit donc :

-Oh ! Et bien, je voyageais avec ma conjointe autour du monde, puis en arrivant en France, nous avons décidé de créer des racines, de s'implanter. Puis elle a trouvé un important poste au grand-conseil. Après, si j'ai décidé d'enseigner, c'est pour partager ma passion de l'histoire à des jeunes.

C'était la stricte vérité. Il ne voulait pas lui mentir, car il ne gagnerais pas sa confiance comme ça.

-Je me permettrais bien de vous retourner la question, mais ce serait impolie, je trouve, d'un professeur à son supérieur. Je pense qu'il vaudrait mieux que nous entrions dans le vif du sujet directement. dit-il.

Il allait parler de quelque choses qui lui tenait à cœur, et on pouvait voir cette flamme qui habitait ses yeux lorsqu'il parlait des choses qu'il aimait.

-Avec le professeur Richter, nous aimerions organiser un voyage d'une petite semaine cette année.

Conjointe, femme, amante, cela ne faisait pas de grande de différence pour Bénédicte de Beauregard chez qui la notion de couple était assez abstraite. Le sourire qu'elle envoya à son vis-à-vis à la mention de la présence passée ou présente d'une femme dans sa vie ne reflétait aucune émotion, aucune compassion.

- Elle travaille au Grand Conseil ? C'est très bien.

Elle jeta au Professeur un regard entendu. Elle avait bien fait, sa manoeuvre était parfaite et elle se félicitait d'avoir, dans son entourage, une nouvelle personne proche du gouvernement et de ses idées. Grave erreur, mais cela elle ne le comprendrait que plus tard. L'opportuniste Bénédicte mélangeait tout, les ambitions, les sentiments, les affaires de coeur, d'argent et d'opinion et c'est que qui la perdra un jour, mais nous n'en sommes pas encore là. Pour l'heure, elle proposait du sucre à un Professeur d'Histoire qui lui contait ses aventures de jeunesse.

Elle mit elle-même trois sucres dans sa tasse et touilla son thé bruyamment. Tu entends, Niels Maddox, le tintement de la cuillère en argent sur de la porcelaine. Je touille mon thé de luxe avec une cuillère en argent.

La suite, en revanche, lui plu moins.

-Avec le professeur Richter, nous aimerions organiser un voyage d'une petite semaine cette année.

Elle prit un biscuit, et mordit dedans. Que leurs intentions étaient louables.

- Hélas, les finances de l'école sont au plus mal et je ne peux vous dire oui, mon ami. Néanmoins, j'ai peut-être une solution, mais j'aurais besoin de votre aide. Êtes-vous prêt à m'aider ?

Apparament, Bénédicte était contente que la femme de Niels travaille au grand conseil. Tout du moins elle n'avait pas l'air de penser le contraire. En regardant Bénédicte, Niels vit dans ses yeux quelque chose qu'il ne compris pas. Peut-être pensait elle que Niels et sa femme était sur la même longueur d'onde concernant les hybrides... Tant mieux. Ca ne ferait que lui faciliter la tache. Néanmoins, il devait mentir le moins possible, et pour l'instant, il était plutôt bien.

Puis il lui posa la question concernant le voyage. Bénédicte n'avait pas l'air d'être pour, surtout au niveau de l'argent. Les finances sont au plus mal... Oui, Bénédicte leur avait déjà bien fait remarqué lors de la réunion de pré-rentrée. Néanmoins, Bénédicte proposa à Niels une solution, qui nécéssiterais sont aide. Quel proposition ? Il n'en savait rien, mais elle allait sûrement le lui dire.

-Ce serait un réel plaisir pour moi de vous aider, dit Niels en souriant. Après, il faut voir si ce que vous me proposerer est dans mes cordes. Après tout, je ne suis que professeur d'historie de la magie.

Allait-elle lui proposer d'espionner les autres professeurs à son compte ? Oui. C'était très probable. Se rappelant tout à coup des livres qu'il avait acheté en début d'année, il reprit :

-J'allais oublié ! Il y a quelque temps, j'ai acheté des livres pour ma classe, mais la sympathique Irmine Boisseuil m'a expliqué que je n'avais à présent plus le droit d'enseigner leur contenu, ce que je ne savais point, n'ayant pas lu votre courier au préalable. Je vous les ais donc amené, afin qu'ils ne tombent pas entre de mauvaises mains.

Niels sorti trois lourds volumes de son sac, et les posas sur le bureau de Bénédicte.

Maddox ayant l’air plutôt disposé à donner de sa personne pour le bien de l’Académie, Bénédicte eut un sourire presque sincère et poussa vers l’homme une assiette de petits gâteaux.

- C’est tout à fait dans vos cordes ! affirma la directrice. Notre Consul bien aimé, Monsieur Courtois, organisera dans les jardins du Grand Conseil, une petite réception afin de prononcer ses vœux pour la nouvelle année. Il s’agit pour nous d’y aller et de représenter dignement notre école. S’attirer la sympathie des gens du gouvernement afin de les convaincre de nous accorder quelques subventions. Si nous arrivons à nous mettre les sénateurs du département de l’Education, vous pourrez faire votre voyage avec le Professeur Richter. L’un d’entre eux est une femme.

Attirer la sympathie, convaincre … Autant de termes qui, dans la bouche de la directrice, étaient synonymes du verbe séduire.

Soudain, le Professeur s’exclama en la faisant sursauter. Ainsi, il avait eu l’occasion de discuter avec la sympathique Irmine et n’avait pas lu son courrier ? Il venait d’énoncer deux choses contrariantes en moins d’une minute, mais elle n’en laissa rien paraître. Elle ne pouvait pas se permettre de le perdre.
Elle prit les volumes et regarda son interlocuteur avec une émotion feinte.

- Comme c’est gentil à vous Niels !

Sans transition, elle les jeta dans l’âtre dans laquelle ils furent rapidement dévorés par les flammes. En voilà trois de plus qui disparaissait de la circulation …

- Alors, je compte sur vous le 31 Décembre ?

En fait, Bénédicte lui demandait juste de l'accompagner au Grand conseil pour la fête du nouvel ans préparé par le consul Augustus Courtois. Çà irait. Niels avait imaginé une demande bien pire, du genre espionner ses collègues pour le conte de la tyrannique directrice, mais là, ce n'était que se goinfrer de petit fours toutes la soirée, en écoutant de vieux sénateurs gâteux parler. De plus, s'attirer la sympathie des sénateurs serait quelque chose de très bien pour Niels. Il en avait besoin pour arriver à ses fins. Elle fini son monologue en lui annonçant que l'un d'eux était une femme, et là, Niels ne sut pas trop pourquoi elle insista sur ce détails. Oui. Niels voulait lui aussi "séduire" ces sénateurs, mais pas pour la même raison que sa supérieur.

Puis, Niels lui tendit les livres, et Bénédicte les lança directement dans le feu. Le professeur d'histoire de la magie dût prendre sur lui pour ne pas ciller, car brûler des livres était un affront énorme fait à l'ensemble des protecteurs hybrides, car ça montrait que l'on encourageait les pratiques gouvernemental. Heureusement, elle changea rapidement de sujet, en revenant à la fête du 31, que Niels allait accepter. En plus, il ne faisait rien cette année pour le jour de l'an, donc il pourrait aisément l'y accompagner. Il sorti son agenda, et d'un coup de baguette, des mots s'inscrivirent à la date voulu.

-Et bien, c'est noté ! Je vous accompagnerais avec joie le 31. Voir toutes ses personnes nous changera bien de l'atmosphère de l'école j'imagine... dit Niels, de son même ton de "serviteur".

Voyant que l'heure tournait, il se dit qu'il devrait peut-être rentrer dans ses quartiers, car il lui restait encore pas mal de copies à corriger pour le lendemain. Et puis, ils se verraient encore forcement avant la fin du mois, donc ils pourraient reparler des projets du professeur.

-Je pense que je ne vais pas vous déranger plus longtemps Mademoiselle de Beauregard. dit-il. A moins que vous ne voudriez me faire part d'autre chose ?