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 Sombres pensées

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Jenna Tillier Emploi : Professeur d'Etude des Objets Magiques

Date de création : 17/02/2015
Messages : 177

Jenna Tillier
MessageSujet: Sombres pensées   Sombres pensées EmptyVen 5 Juin - 19:33

Je voulais le silence enfin… Et puis le vent…

Quelque part en Écosse, le soleil se battait à l’aube du crépuscule pour que ses rayons, faibles lueurs orangées, dansent encore entre les branches des arbres. L’air était chargé de senteurs du printemps, l’humus, les fleurs sauvages, la chaleur de la terre. Les oiseaux s’étaient tus depuis longtemps et déjà le croassement assourdissant des grenouilles retentissait un peu plus bas. Et puis il y avait ce petit chemin entre les herbes, fragile, discret, qui lorsqu’on le suit nous mène au pied d’une modeste colline en fleur. La végétation est haute et dense jusqu’au sommet où se tenaient dressées vers le ciel, en cercle, une dizaine de pierres longues et froides. Leur existence est emplie de mystère, de légendes que l’on murmure au coin d’un feu. Mais pour une certaine personne, elles sont la preuve d’un souvenir, d’un instant fugace de son enfance ici, empli de rire, de chaleur et de moments heureux.

Lentement, une silhouette remontait le chemin vers la colline, faisant crisser les gravillons sous les semelles de ses bottines usées. Un triste sourire vint étirer ses lèvres lorsque son regard se posa enfin sur le cercle de pierre à quelques mètres au-dessus d’elle. Elle hésita, ses jambes tremblantes devant le choix qu’elle s’apprêtait à faire et puis, sans un mot, elle gravit la pente. Un pas après l’autre. Lentement. Comme si le sol risquait de s’effondrer et de l’emporter avec lui. La brise agitait sa longue chevelure rousse qui tombait de part et d’autre de son visage, venant parfois chatouiller son menton. Et maintenant la brume, humide, éparse, qui apparaissait et disparaissait entre les arbres. La lumière se faisait plus discrète mais cela ne semblait pas l’effrayer. Doucement, elle sortit sa baguette de la poche de sa veste à capuche et, à l’aide d’un sortilège informulé, fit apparaître deux petites sphères lumineuses qui vinrent flotter autour d’elle.

Sans réellement s’en rendre compte, elle était enfin arrivée au sommet de la butte. Elle n’avait pas vraiment forcé sur ses jambes pourtant, elle avait le souffle court et peinait à reprendre sa respiration. Ses yeux se voilaient et sur ses joues encore humides, les larmes réapparaissaient et roulaient lentement. D’un pas mal assuré, elle se dirigea vers le centre, là où se trouvait la plus haute pierre du cercle et vint l’effleurer du bout des doigts. La surface était froide et couverte d’aspérités. Ses jambes qui jusqu’alors la supportaient finirent par lâcher et elle se laissa glisser contre la paroi pour finir avachie sur le sol couvert de mousse. Elle se laissa aller à sangloter, là, au milieu des bois, rassemblant ses jambes contre elle en les encerclant de ses bras.
Ces larmes, elle les retenait depuis trop longtemps. Elles n’avaient rien à voir avec le deuil qu’elle traversait suite à la mort prématurée de son oncle. Elle n’était pas non plus insensible mais elle ne le connaissait pas suffisamment pour être dévastée par sa perte. Jenna pleurait une toute autre perte. Celle du lien entre elle et sa cousine Ely. Ce lien qu’elle pensait si fort que rien ni personne ne pouvait rompre, elle l’avait vu s’estomper en quelques secondes en découvrant qu’elle ne l’avait pas prévenu de ce qu’elle traversait comme épreuve. En s’apercevant qu’elle n’avait pas été sa première confidente, ni la première personne qu’elle était venue chercher pour la soutenir. C’était la perte de ce lien qu’elle pleurait. Elle avait la sensation d’avoir perdu Ely. Si elle avait eu une sœur, cela n’aurait pu être qu’elle. Elle était son idole, son modèle à suivre, sa meilleure amie et pourtant… Pourtant Jenna avait été mise à l’écart et même après son arrivée à Londres, Ely avait gardé ses distances. Pourquoi avait-elle agi ainsi ?

Une chouette hulula non loin d’elle, la sortant de sa torpeur. Autour d’elle, l’obscurité avait envahi les lieux. Elle inspira pour retrouver son calme et chercha à stopper ses larmes. Pleurer ne lui servirait pas à grand-chose, cela n’améliorerait pas sa vie ni son humeur bien au contraire. Malgré tout, elle se sentait comme soulagée d’un poids, comme si se retenir de montrer son chagrin l’avait rongé de l’intérieur. Et maintenant ? Pouvait-elle seulement retourner auprès de sa cousine pour la soutenir. Elle n’en avait rien fait juste que là, en avait-elle seulement le droit maintenant ? Doucement, elle laissa sa tête tomber en arrière contre la pierre et regarda silencieusement le ciel étoilé au-dessus d’elle. Le vent souffla autour d’elle, agitant les branches des arbres. Elle frissonna. Et puis soudain, un battement d’aile se fit entendre et elle sentit les serres d’un oiseau lui encercler les genoux. C’était une magnifique chouette à lunettes, au plumage noir parsemé de blanc, qui la fixait silencieusement, un parchemin noué autour de la patte.

« Mal… ? »

En apercevant le volatile exotique perché sur ses jambes, Jenna sut tout de suite que son jeune frère Malcom y était pour quelque chose. Il n’y avait que lui, dans son entourage qui possédait un messager aussi original et elle n’y était pas pour rien dans l’histoire. Reniflant bruyamment, elle se redressa contre la pierre avant d’enlever délicatement le petit morceau de papier qui lui était destiné. À peine s’était-elle emparée du message que la chouette s’envola sans attendre de réponse, se volatilisant rapidement dans la nuit. Jenna la regarda interdite avant de dérouler le parchemin. Il n’y avait qu’un seul mot inscrit à l’encre noir. Un seul petit mot qui lui arracha un sourire et la décida à se relever. Avec précaution, elle rangea son message dans la poste de sa veste, s’épousseta rapidement pour faire tomber les feuilles et la terre qui étaient venues agrémenter le tissu de son jean avant d’inspirer à pleins poumons en fermant les yeux et en étirant ses bras. Mal avait raison, comme à chaque fois. Peu importait comment il avait su qu’elle n’allait pas bien, Jenna n’était plus surprise par l’empathie de son frère, il savait toujours lui envoyer l’encouragement dont elle avait besoin au bon moment. Et là, il fallait qu’elle retourne auprès d’Ely. Jetant un dernier regard nostalgique sur ce lieu empli de souvenirs, la jeune femme transplana chez son oncle.
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