Quand Merlin avait proposé à Elwin de rencontrer un avocat, qui pourrais l'aiguiller sur sa future orientation, Elwin était aux anges. Peut-être que grâce à Mr Le Guerrec, il parviendrait plus facilement à gravir les marches de la politique, car il s'avait que ce n'était pas une mince affaire, de ce faire une place dans ce milieu. Seul les meilleurs passaient.

Un samedi où ils pouvaient se rendre à bois-dorée, ils avaient prévenu Goulven Le Guerrec de les rejoindres à la taverne. Ils avaient donc traversés le village, main dans la main, puis s'était installés à une table au fond de la taverne, leur jus de citrouille préalablemment acheté.

Ils étaient assis là, tous les deux, quand un homme, brun entra dans la taverne. Il avait une mine sérieuse, et avait tout l'air de quelqu'un qui dort mal. Voyant qu'il cherchait quelqu'un du regard, Elwin demanda à son petit-ami :

-C'est lui ?

Goulven avait et beaucoup de peine à remettre le jeune Merlin Dupuis et à se souvenir des circonstances de sa visite et pourtant, des ados qui s'égaraient dans son cabinet, il n'y en avait pas tous les jours. Mais il était tellement surmené qu'il avait tendance à oublier certaines choses qui lui semblaient futiles et il lui semblait que s'il s'arrêtait, il pourrait dormir pendant trois jours entiers.

Quand il entra dans la taverne de Bois-Doré, l'idée lui vint de feindre d'avoir oublier pour gagner du temps pour aller faire autre chose, mais il savait qu'il n'assumerait pas cela jusqu'au bout et il espérait que les deux jeunes hommes ne soient pas en retard. Ce n'était pas le cas, puisqu'ils étaient déjà là. Il suffit à Goulven d'apercevoir Merlin de loin pour se souvenir nettement de leur entrevue et se rappeler qu'il était le jeune frère de Brieuc Dupuis, ce qui le mit en vigilance.

Il se dirigea vers leur table et alla les saluer.

- Bonjour ! Vous êtes Elwin, je suppose ? En quoi est-ce que je peux vous aider ?

Autant aller droit au but !

Elwin avait enfin l'occasion de rencontrer un grand connaisseur de la cause qu'il chérissait tant : la lutte pour sauver les hybrides. Goulven Le Guerrec était un homme de taille moyenne, brun, avec une légère barbe, qui avait l'ait de quelqu'un de sympathique, mais avec qui on ne devait pas abuser de cette sympathie.

Elwin avait sorti au préalable son carnet et son crayon, afin de ne pas manquer une miette de ce que lui dirait l'avocat. Puis, il commença à poser sa première question, après avoir croiser le regard de son petit-ami.

-Tout d'abord, maître, merci de vous être déplacé pour me voir. J'ai préparé quelques questions à vous poser, et j’espère que vous pourrez me répondre correctement.

Il marqua, une pause, bût une gorgée de sa boisson, et repris.

-Nous connaissons les lois anti-hybride qui ont été rendu public, mais qu'en est-il de notre gouvernement. Je veux dire par là, tous les membres du gouvernement sont ils aussi anti-hybride que leurs lois ne laissent paraître ?

Goulven n'aimait pas se faire appeler "Maître" tout comme il ne portait pas la tenue des avocats. Il réfuta donc les paroles du jeune homme d'un geste de la main.

- Goulven, ça ira très bien.

Le jeune homme voulait prendre des notes, Goulven s'attendit donc à devoir dispenser quelques conseils d'ordre juridiques. Si ce n'était que ça, alors ça ne l'engageait à rien, et tant mieux.
Cependant, les questions de l'adolescent orientèrent la conversation sur une toute autre chose et il fût pris au dépourvu.

- Pourquoi voulez-vous savoir cela ?

Tenir une telle conversation dans un lieu public était risqué, et il ne voulait pas risquer de trahir certains de ses amis dont il connaissait les opinions. Un instant, ses pensées se tournèrent vers Franck. Alors, il décida de répondre de la façon la plus évasive possible, par une autre question.

- Pensez-vous que des gens à l'opinion différente puissent tenir longtemps au sein du gouvernement sachant que les conditions de travail n'y sont guère meilleures que partout ailleurs ? Demanda t-il.

Rapidement, Goulven lui demanda de l'appeler par son prénom, et non maître. Puis, il lui demanda pourquoi il voulait savoir si il y avait des pro-hybrides au gouvernement. Pourquoi voulait-il le savoir ? Et bien, c'était sûrement car c'était ce que voulait faire Elwin lorsqu'il pourrait travailler au gouvernement. Donc il se demandait tout à son honneur, si des personnes ayant le même mode de pensé que lui existait déjà au Grand Conseil.

Puis, l'avocat lui demanda si il pensait vraiment qu'il était possible de travailler au gouvernement avec cette façon de penser. Certes, ce n'était peut-être pas aisé, mais c'était sûrement faisable. Enfin passons. Le Guerrec n'avait apparemment pas envie de lui parler de cet aspect de son métier, et c'était bien normal.

-Ce n'est pas grave, je comprend que vous ne puissiez pas me répondre.

Il décida donc de revenir à un interrogatoire plus professionnel.

-Je ne sais pas exactement dans quel branche j'aimerais aller, donc j'aimerais bien savoir quels sont les possibilités gouvernementales qui s'offrent à nous à notre sortie de l'école. lui demanda-t-il.

Elwin attendit sa réponse, le crayon levé.

Il fût un temps où Goulven aurait pris des gants pour faire comprendre à ces jeunes gens que tenter une carrière politique tout en étant hybride était vain. Ce temps était à présent révolu.

- Aucune.

Il ne lâcha pas l'hybride des yeux, il avait l'air extrêmement sérieux.

- Si vous avez un huitième de sang de créature dans les veines, vous pouvez éventuellement espérer trier le courrier ou faire le ménage. Oubliez le gouvernement, oubliez la politique et l'idée même d'avoir un poste et une fonction qui vous permettrait d'avoir un tant soit peu d'influence. Explorez d'autres pistes, mais tâchez de vous tenir éloigné du Grand Conseil, je ne peux pas vous donner de meilleur conseil que celui-ci, croyez-moi.

Goulven était implacable, mais il ne pouvait décemment pas conseiller à quelqu'un de rejoindre le gouvernement aujourd'hui, les choses changeaient.

- Et méfiez-vous de votre entourage en premier lieu. ajouta t-il en visant Merlin. Il n'oubliait pas à qui l'adolescent était apparenté et ne comprenait d'ailleurs toujours pas la démarche de l'adolescent.