Posée au milieu des gens et de la foule qui défilait au village, Elyon était songeuse. Aujourd'hui, les étudiants étaient de sortie, cela lui rappelait ses samedi lorsqu'elle était étudiante. Cela faisait un moment qu'elle n'avait pas eu l'occasion de se mélanger autant, surtout à une population aussi jeune.
Enfermée dans sa bulle et dans le brouhaha causé par les jeunes sorciers français, la dryade grattait frénétiquement une feuille de parchemin avec une plume. Elle avait beau être entourée par des dizaines de personnes, elle n'en était pas moins seule.

Un jeune homme vint s'assoir près d'elle mais cela ne la tira pas de sa torpeur pour autant. Levant à peine les yeux de son parchemin, elle finit d'écrire une ligne.

"Je suis assise au milieu d'une foule, le temps hémophile coule.*" cita t-elle.

Et là enfin, elle porta son attention sur le jeune homme. L'écrivain lui fît un doux sourire, nullement gênée par sa présence.

"Est-ce que je peux t'aider en quelque-chose ?" lui demanda t-elle.

*Alain Souchon

C'était étrange de voir un étudiant tout seul alors que tous les jeunes de son âge étaient en groupe. Normalement ces bêtes-là ont l'instinct grégaire. Mais n'était-elle pas mal placée pour faire ce genre de remarque ? Adolescente, elle n'était pas de ceux qui aimaient se mélanger.
Elle finit par laisser sa plume à plat sur son parchemin et reporta son attention sur le jeune petit curieux qui se demandait bien ce qu'elle pouvait écrire.

"Tu es bien le seul à vouloir t'y intéresser. Rien d'intéressant, en fait, ça comme le reste, ça va finir dans mon poêle à bois étant donné que plus personne ne lit mes livres."

L'auteure, toujours contrariée par cette motion de censure apposée à son encontre se renfrogna et gratta encore quelques mots sur sa feuille.

"Alors j'écris tout ce qui me passe par la tête. Ce n'est pas tellement brillant et parfois ça ne veut rien dire. Mais tu es curieux dit-moi, pourquoi ça t'intéresse ? Tu ne préfères pas aller avec des amis de ton âge ?"

Elle n'était pas du genre à se gêner pour poser des questions alors qu'elle avait horreur qu'on lui en pose à elle-même. Cela dit, elle savait les éluder avec talent, et c'était là une manière aussi de se protéger de l'adolescent qui était venu percer la bulle dans laquelle elle s'était mise. Il lui dit qu'il n'était pas du genre à sortir en groupe, elle reconnu là un comportement qu'elle avait pu avoir en étant jeune.

"Je vois. J'étais un peu comme toi, moi aussi. Ca n'a pas beaucoup changé ... Je cherche la solitude quand j'ai besoin d'inspiration et même au milieu de cette foule, je suis seule. Enfin j'étais, puisque tu es là, maintenant. Ce banc est très bien placé pour ça : Il y a trois rues qui débouchent ici, donc quasiment tout le monde est obligé de passer par là."

L'écrivain envoya un doux sourire à l'adolescent et se permis de lui poser une nouvelle question.

"Et toi ? Que cherches-tu dans la solitude ?"

Sans doutes parce qu'elle trouva un écho à sa propre façon d'être dans le comportement du jeune homme, Elyon sentit de la sympathie pour lui. Lui aussi était seul sans en donner l'impression. Là. Assis au milieu de la foule sur ce banc. Elle était prête à parier qu'il était du genre à être en bons rapports avec tout le monde à l'école, mais qu'il n'avait sans doute pas d'amis proche ... Elle lui envoya un sourire compatissant et tripota le bout de sa plume avec ses doigts. Sa réponse la satisfaisait pas et alors qu'il lui demandait son nom, la Dryade l'éluda délibérément, appuya avec sa plume à l'endroit de son coeur et lui dit :

"Non. Je veux dire, ce que tu cherches là. Au fond de toi."

Question sommes toutes énigmatique et surtout intrusive : on avait tous des choses à cacher ! Elle la première. Elle n'attendait cependant pas de réponses. Elle tourna la tête et visa la foule.

"Tu vois, j'ai lu une fois que l'homme n'était pas fait pour rester seul. Aristote a dit : "L'homme est un animal social." Mais un autre Moldu, un anglais, beaucoup plus tard, a dit "L'homme est un loup pour l'homme."

Cette citation de Thomas Hobbes avait longtemps servi de crédo à la petite sorcière qui se méfiait naturellement des gens et était constamment sur la défensive.

"Toi, tu penses comme Aristote ou comme Hobbes ?

Elyon avait son opinion sur le sujet. On avait besoin des autres autant qu'ils nous étaient nuisible, et le tout c'était de trouver comment cheminer au milieu des autres pour survivre. Elle avait pris le partie de ne pas se livrer ou de ne dire que ce que l'on savait d'elle, mais de garder cette partie secrète, accessible à personne et précieuse, un sanctuaire dans lequel rien ni personne ne pourrait l'atteindre.
Le jeune homme comprendrait certainement en grandissant, on ne peut pas prendre toujours que ce que l'on veut, il faut parfois se plier un peu pour rester en paix avec les autres. Elle lui sourit doucement, et reporta son attention sur on parchemin.


"A ton âge j'aurais répondu la même chose !"

Quant à savoir si c'était une bonne ou une mauvaise chose, tout était relatif !

"Je ne sais pas si ça va beaucoup te rassurer de le savoir. En tous cas je n'ai qu'un seul conseil à te donner, celui de chérir les gens que tu aimes. Mais de partir du principe que tu es le seul à pouvoir prendre soin de toi."

Voilà une façon de penser bien fataliste, elle se l'était construite au fil des années. L'expérience lui avait offert le meilleur des enseignements, même si les gens n'étaient pas ouvertement hostiles avec elle, la vie s'était chargé de lui apporter son lot de malheurs et de coups durs.

Hj : Désolée du retard !

La curiosité d'Elyon n'était motivée que par son désir de connaître le plus de choses possibles sur les êtres humains qui étaient pour elle une source d'inspiration intarissable. La Dryade ne se lassait jamais d'entendre les autres parler d'eux même et ne se gênait pas, parfois, pour poser des questions très indiscrètes aux limites de la politesse. Mais le pire c'était que la concernant, elle ne livrait rien que ce que l'on savait déjà.
Le jeune homme lui rappela une question qu'elle avait éludé plus tôt et ses lèvres s'étirèrent en un sourire.

"Je m'appelle Elyon."

C'était tout ce qu'il lui avait demandé. L'auteure se leva alors et regarda le jeune homme. Elle était beaucoup plus petite que lui.

"Je pense que nous nous recroiserons souvent, si tu viens à Bois-Doré, moi je suis souvent sur ce banc parce qu'il est dans le passage et les gens passent devant sans jamais s'y assoir, ou alors rarement. C'est un point d'observation idéal."

Elle lui tendit une main amicale et la serra.

"Au revoir !"

HJ: pas de soucis pour le retard!

Rencontre inattendue [feat Elyon]

Merlin était toujours dans le village en discussion avec une jeune femme qui semblait venir souvent. Peut-être habitait-elle ici? Toujours est-il qu'ils avaient eu une très jolie discussion autour de la solitude, de l'écriture et des relations entre humains.

Avant de partit, le jeune gay avait dit qu'il la remerciait pour son conseil et qu'il était ravi de faire sa connaissance avant de dire qu'il ne connaissait toujours pas son prénom. La jeune femme se mit à sourire avant de répondre:

"Je m'appelle Elyon."

Pas plus, pas moins... En même temps, il n'avait demandé que ça au tout départ. La jeune femme se leva et regarda Merlin qui venait aussi de se lever. Merlin remarqua alors qu'il était un peu plus grand qu'elle. Elyon lui dit alors:

"Je pense que nous nous recroiserons souvent, si tu viens à Bois-Doré, moi je suis souvent sur ce banc parce qu'il est dans le passage et les gens passent devant sans jamais s'y assoir, ou alors rarement. C'est un point d'observation idéal."

Merlin sourit, il avait bien l'intention de la recroiser sans forcément s'en faire une très très grande amie. Il serra la main qu'elle lui avait tendit en disant:

"Au revoir !"

Il dit lui-même:

-Au revoir. Et je compte bien vous recroiser souvent.

Puis il repartit vers le château retrouver ses amis, son moment de solitude dans la nature étant fini.

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